Répertoire national/Vol 1/Introduction de l’industrie en Canada

Collectif
Texte établi par J. Huston, Imprimerie de Lovell et Gibson (Volume 1p. 260-262).

1835.

INTRODUCTION DE L’INDUSTRIE EN CANADA.

        Fille du ciel, bienfaisante industrie,
        Toi qui soumets et la terre et les eaux,
        En voyageant sur l’aile du génie,
Tu parais et soudain tu soulages nos maux.
— À peine l’Éternel, à sa divine image,
        Eut pétri l’homme de ses mains,
        Il maudit son plus bel ouvrage
        Et punit le chef des humains.
Mais, tout en punissant, la tendresse du père
Vint tempérer du Dieu la trop juste colère.
L’homme à peine échappé des mains du créateur,
Exilé de l’Éden, sa première patrie,
Demeurait sans appui sous le poids du malheur :
Dieu, pour le secourir, lui donna l’industrie.
Elle était jeune alors, mais sur l’aile du temps
Elle épancha bientôt sa brillante lumière ;
L’homme ayant appris d’elle à vaincre les autans,
Osa sur l’océan déployer sa bannière.

        L’audacieux vainqueur des mers,
        Pour prix de sa noble victoire,
        Domina sur tout l’univers.
Alors on vit surgir le siècle de la gloire ;
L’homme de la pensée avait brisé les fers,
Et marchait à grands pas au temple de mémoire.
De là les monuments de si noble grandeur,
Et les produits des arts, dont la riche splendeur,
Bientôt du monde entier en couvrant la surface,
        Devait plus tard étonner notre race.
Endormie un moment dans des temps malheureux,
L’industrie bientôt, plus belle et plus brillante,
Jeta sur l’univers un regard radieux,
Et de son court sommeil s’éveilla triomphante.
Elle enfanta bientôt des prodiges nouveaux,
Et ranima partout les arts et les travaux.
Se trouvant à l’étroit dans l’univers antique,
Elle franchit la mer et vint en Amérique.
La liberté, sa sœur, en lui tendant les mains,
Partagea ses travaux pour le bien des humains.
Longtemps le Canada rejeta ses lumières,
Par respect pour l’usage établi par ses pères.
Mais un peuple éloigné, qui la connaissait mieux,
        Importa l’étrangère et ses dons précieux.
        Ce fut alors que déployant ses ailes,
        Elle entassa merveilles sur merveilles ;
        L’activité du commerce aux cent bras
Produisit des moyens qu’on ne connaissait pas.
Le génie bientôt les eut en sa puissance ;
C’est, alors que l’on vit ces brillants monuments
Déployer dans leur luxe et leur noble apparence,
Du Dieu puissant des arts les magiques présents.
Dans d’énormes tuyaux, la vapeur enfermée
Obéit en esclave et cède à la pensée ;
Les anciens bâtiments, la honte de nos eaux
Sont bientôt remplacés par de pompeux vaisseaux
Qui, maîtrisant les eaux, sans voiles ni cordages,
Bravent dans tous les temps le vent et les orages.
Un rapide souvent à nos nochers fatal,
        De nos vaisseaux empêchait l’arrivage :
La nature est domptée, et bientôt un canal
Au fleuve stupéfait ouvre un nouveau passage.

L’architecture aussi double d’activité,
        Et l’habitant de la ville embellie,
Contemplant sa richesse et sa prospérité,
Admire dans son cœur et bénit l’industrie.

Le Frondeur.