Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau/Hugues Salel
L’un des ancêtres littéraires de Bertaut, Hugues Salel (dont le nom se lit aussi Salet), abbé de S. Cheron et de S. Sanson, conseiller et aumosnier ordinaire de la Royne, maistre d’hostel et valet de chambre du Roy, assista, le samedi 9 février 1543, à l’heureuse délivrance de Catherine de Médicis, femme de Henri II, François Premier régnant encore. Et il écrivit un poëme De la Nativité de Monseigneur le Duc, fils premier de Monseigneur le Dauphin. Il s’agit du duc de Bretagne, qui sera François II. Salel met en scène une nymphe de la Forêt, ou plutôt une naïade, comme le précise le nom de Callirhoé.
En la forestz de Biere, renommée
Sur tous les boys, pour ce qu’elle est aymée
Du dieu Sylvan, qu’on y void en plain jour
S’y promener et y faire sejour,
Je veis l’autre hyer, près de la claire source.
D’une forest accourir a grant course
Dieux, demy-dieux, deesses, nymphes belles,
Pour escouter les joyeuses nouvelles
Que recitoit, à voix doulce et hautaine,
Callirhoé, nymphe de la fontaine.
Gallirhoé, que l’imprimeur ignorant, Jaques
Nyverd, orthographie Calliohré,
comme il a mis Bievre au lieu de Biere,
Callirhoé chante en dix-sept sixains la
puissance de la Sallemandre, c’est-à-dire
de la maison de Valois. Puis l’auteur reprend
la parole.
A tant se teust Callirhoé la fée,
Tout en esprit ravye et eschauffée.
Et croy pour vray que la posterité
Un jour verra qu’elle dict verité.
O si les dieux me vouloient faire grace
De vivre tant ! Le poëte de Thrace,
Bien qu’il soit filz de la premiere muse,
Ne le dieu Pan, avec sa cornemuse.
Me me vaincront ; toute leur gloire antique
J’effacerois en veine poëtique
Sur ce subjet ; car ce qu’en mil années
Le temps coulant, les filz des destinées
Ont pu monstrer de excellent et beau
Est aujourd’huy dedans Fontaine-bleau.
Les fêtes du baptême de François II furent splendides. « Trois cents torches, dit Paradin, furent données à autant de personnes des gardes du corps du roi, lesquelles furent rangez depuis la chambre de Sa Majesté jusques en l’église des Mathurins, passant par la Petite Galerie, où la clarté étoit si grande de ces lumières qu’il sembloit que l’on fust en plain jour. La ceremonie du baptesme estant achevée, on entra en festin ; ensuite il y eut divers ballets, danses et autres pareilles rejouissances. Et sur l’estang il y avoit trois galeres ornées de leurs banderolles. Il se fit diverses escarmouches de princes et de seigneurs par terre et par eau. »