Quelques épis d'une gerbe/Devant l’âtre

DEVANT L’ÂTRE.


Dans l’âtre en flamboyant le gai sarment pétille.

— « Allons nous réchauffer à sa douce chaleur.
« Approchons notre main de la flamme qui brille :
« Tu fus jeune garçon, moi je fus jeune fille ;…
« Mais nous ne sommes plus, hélas ! dans notre fleur ! »

Dans l’âtre en flamboyant le gai sarment pétille.

— « Je me souviens encor de ma verte chaleur,
« Quand je faisais la cour à ma Louison gentille.
« Je me souviens surtout d’un soir sous la charmille ;…
« Louison, t’en souviens-tu ?… je te pris une fleur. »

Dans l’âtre en flamboyant le gai sarment pétille.

— « Oui, méchant amoureux. Ma mère, avec chaleur,
« Veut savoir quelle main a froissé ma mantille…
— « Et, d’un bond, je surviens pour calmer la bisbille,
« Et m’offre, triomphant, pour remplacer la fleur. »

Dans l’âtre en flamboyant le gai sarment pétille.

Et le couple vieilli, ravivant sa chaleur,
Échange, tout joyeux, un baiser de famille,
Et sourit au marmot, qui du berceau babille,
Bouton que Dieu fait croître et qui deviendra fleur.

Dans l’âtre en flamboyant le gai sarment pétille.


On a voulu, dans ces quatre pièces d’une forme assez neuve, présenter d’une manière neuve aussi les quatre phases de l’année, symbolysées et dramatisées dans l’amour différent de quatre couples : — amour jeune et fantasque, Printemps ; — amour coquet et ardent, Été ; — amour tendre et mélancolique, Automne ; — amour vieilli et tempéré, Hiver.