Quatrain pour le Christ de Saint-Roch à Paris

Quatrain pour le Christ de Saint-Roch à Paris
Appendice des Poésies diverses, Texte établi par Charles Marty-LaveauxHachettetome X (p. 377-378).


XIV


QUATRAIN POUR LE CHRIST DE SAINT-ROCH
À PARIS.

Ce quatrain a paru pour la première fois parmi les Poésies diverses de Corneille, à la page 106 du tome XII des Œuvres de ce poëte, publié par Lefèvre en 1855, et, à partir de cette époque, il a été invariablement reproduit dans toutes les réimpressions qui en ont été faites. Tâchons de savoir d’où il est tiré, et de quelle manière il a passé dans les Œuvres de notre auteur.

M. Alexis Socard, auteur de plusieurs ouvrages sur les livres populaires publiés à Troyes à partir du seizième siècle, possède un exemplaire de l’Imitation de Jésus-Christ traduite et paraphrasée en vers françois par P. Corneille. Imprimé à Rouen, par L. Maury, pour Robert Ballard, 1658, in-4o. On lit sur le titre de cet exemplaire : ex libris Petri Delarivey ; ce Pierre de Larivey est probablement de la même famille que le fécond auteur dramatique champenois du même nom, mort, vers 1612. Au verso du titre on lit : Sonnet inédit de P. Corneille adressé à M. Alexandre de Campion, gentilhomme bas normand, auteur de la Vie de plusieurs hommes illustres, ouvrage resté presque inconnu. Cet intitulé est suivi d’une fort mauvaise copie du sonnet que nous avons reproduit (p. 137-139) d’après l’original, puis d’un Quatrain du même auteur adressé au Christ de l’église Saint-Roch. C’est là probablement que P. Villiers, auteur du Manuel du voyageur à Paris, ou Paris ancien et moderne, trouva ce quatrain, que je lis dans l’édition de 1806 de cet ouvrage, qui, suivant la France littéraire de M. Quérard, a paru pour la première fois en 1804 ou 1805. Il y est précédé de ce préambule peu explicite : « Ce fut, dit-on, pour le Christ peint dans l’église Saint-Roch qu’il (Corneille) composa ce quatrain peu connu. » M. Édouard Fournier inséra dans le journal le Théâtre le quatrain qu’il avait trouvé dans l’ouvrage de Villiers. Peu de temps après, le 22 juin 1845, l’Impartial de Rouen le publiait à son tour, non, comme on pourrait le croire, d’après de Villiers ou M. Édouard Fournier, mais d’après la copie manuscrite de Troyes. Ce qui le prouve, c’est que l’Impartial donne, en même temps que le quatrain, le sonnet à Campion, et qu’il reproduit une faute des plus singulières : Anglois, pour emplois, qui se trouve au vers 6 dans la copie de Troyes. Enfin c’est à l’Impartial que Lefèvre emprunte le quatrain, sans se préoccuper de son origine. Quant à nous, nous n’avons pas cru devoir le laisser dans les Œuvres de Corneille, et nous le rangeons parmi les pièces dont l’authenticité ne nous paraît pas bien démontrée.


Pécheur, tu vois ici le Dieu qui t’a fait naître ;
Sa mort est ton ouvrage et devient ton appui :
Dans cet excès d’amour tu dois au moins connoître
Que s’il est mort pour toi, tu dois vivre pour lui.