Quand les violons sont partis/Sonnet d’hiver
Quand les violons sont partis, Librairie Léon Vanier ; A. Messein, Succr, , Poésies complètes d’Édouard Dubus (p. 52).
SONNET D’HIVER
Pour Jules Renard.
Le ciel est envahi d’une tristesse grise
Où frisonne un reflet mourant de soleil froid ;
La bise au fond des parcs gémit, la peur s’accroît,
Le marbre triomphal blanc de givre se brise.
Le rêve est désolé de brume toujours grise,
Le souvenir y laisse à peine un rayon froid ;
En les âmes d’hiver, dont la neige s’accroît,
L’orgueil d’un cher empire évanoui se brise.
Pleuré longtemps par les rameaux crispés de froid
Dans les bosquets voilés d’une dentelle grise
Un funèbre tapis de pourpre et d’or s’accroît.
Au glas du vent, la fleur d’illusion se brise,
Et, comme elle se meurt, dans l’atmosphère grise
Des yeux mystérieux luisent d’un rire froid.