Quand les violons sont partis/Résignation
Quand les violons sont partis, Librairie Léon Vanier ; A. Messein, Succr, , Poésies complètes d’Édouard Dubus (p. 79).
RÉSIGNATION
Pour Laurent Tailhade.
À l’heure où l’oasis trop longtemps poursuivie
S’évanouit comme un mauvais enchantement,
La désolation du désert de la vie
Semble se pénétrer irréparablement.
Avec sa voix de glas, l’horloge coutumière
A sonné le réveil brutal des lendemains ;
Tes songes d’or n’ont plus d’essor dans la lumière,
Les guirlandes se font poussière dans tes mains.
Résigne-toi : — les oripeaux dont se décore
La misère d’aimer, éblouiront encore
Ta nuit, où la mauvaise étoile transparaît.
Mais ne te laisse pas surprendre à la magie
Des Renouveaux ; et grave en ton âme assagie :
Que l’amour : c’est le vin d’oubli, qu’on boit d’un trait.