Quand je pense à ce jour, où pres d’une fonteine
Quand je pense à ce jour, où pres d’une fonteine
XLIII
Quand je pense à ce jour, où pres d’une fonteine
Dans le jardin royal savourant ta douceur,
Amour te descouvrit les segrets de mon cœur,
Et de combien de maux j’avois mon ame pleine :
Je me pasme de joye, et sens de veine en veine
Couler ce souvenir, qui me donne vigueur,
M’aguise le penser, me chasse la langueur,
Pour esperer un jour une fin à ma peine.
Mes sens de toutes parts se trouverent contens,
Mes yeux en regardant la fleur de ton Printemps,
L’oreille en t’escoutant : et sans ceste compagne,
Qui tousjours noz propos tranchoit par le milieu,
D’aise au ciel je volois, et me faisois un Dieu :
Mais tousjours le plaisir de douleur s’accompagne.