Quand j’ai défaict le dragon amoureux

Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 265).


SONNET.

 Qvand i’ai défaict le dragon amoureux,
Mille penſers comme dents de ſa bouche
Naiſſent ſemez ſe donnans l’eſcarmouche
De cœur, de corps, & d’eſtoc vigoureux.
 A peine cinq de ce chãp mal-heureux
Demeurent francs & de mort & de touche,
Quand ma raiſon ſi bien les défarouche,
Qu’elle baſtit ſa demeure auec eux.
 O que ie crains aprés l’auoir baſtie,
De voir un iour ceſte peau conuertie
En un ſerpent par l’ire de l’Amour :
 Et plus encor de conceuoir engeance,
Qui me rongeant donne double vengeance
A ce tyran qui maiſtrise mon iour.


A. D. V.