Flammarion Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 99-129).

PARIS SOUTERRAIN

AUX CATACOMBES ET ÉGOUTS
(Premiers essais de photographie aux lumiéres artificielles.)

Quatre fois l’an, Madame, sur le coup de midi, il peut vous arriver d’assister à un rendez-vous assez étrange, pris souvent plusieurs mois a l’avance, entre quatre à cinq cents personnes qui ne se connaissent pas.

Vous les voyez une à une ou par deux, trois et quatre, converger à l’heure dite par les boulevards anciennement extérieurs et la rue d’Enfer — aujourd’hui Denfert-Rochereau — vers une façon de petit Temple à colonnes doriques, où veillait l’octroi de l’antique barrière. Ces gens, d’un sexe et de l’autre, portent tous à la main un petit paquet comme en signe de ralliement. Plusieurs brandissent, non sans quelque fierté contenue, une lanterne qu’un ou deux ont même arboré à la boutonnière en manière d’insigne décoratif.

Les uns affectent l’allure grave et même recueillie ; les autres rayonnent d’une gaité un peu trop en dehors pour ne pas sembler voulue. Tous ont la physionomie spéciale, mystérieuse et légèrement suffisante, de personnages auxquels quelque mission secrète et non sans importance aurait été confiée. Au surplus il ne nous tombe pas tous les matins une occasion d’être solennel.

Par la porte du petit Temple, ils disparaissent les uns après les autres, sous terre.

Ces élus vont visiter les Catacombes. Les diverses administrations publiques auprès desquelles ils ont sollicité, dans les termes du vocabulaire très respectueux, cette « faveur » qui appartient de droit à tout le monde et ne se refuse à personne, profitent de l’occasion des quatre visites réglementaires annuelles pour se débarrasser par fournées de ces solliciteurs sans ambition.

Vous ne connaissez pas les Catacombes, madame ; permettez-moi de vous y conduire, Veuillez prendre mon bras et — suivons le monde !

Dans la cour d’aspect un peu négligé où nous voici, la compagnie déjà nombreuse entoure le puits et surtout l’espèce de petite poterne en pierre par laquelle nous descendrons tout à l’heure. Nous avons autour de nous les divers spécimens du genre Curieux, — le curieux insatiable et le curieux indifférent, voire dédaigneux, le sérieux, le goguenard, l’éloquent et le taciturne. Voici, espèce rare, le Parisien familier avec Paris, qui connaît sur le bout du doigt son Musée d’artillerie et pour qui la manufacture des Gobelins n’a pas de secrets, à côté du vrai Parisien autochtone qui ne donne un coup d’œil à son Paris que lorsqu’il lui échoit un visiteur départemental. Voici encore en appoint le public spécial qui s’abonne au Père La Chaize illustré, le même qui achetait jadis les Ruines de Volney et les Nuits d’Young aux temps héroïques où nous lisions tout, même Young et Volney. Voici enfin l’inévitable ban d’Anglais excursionnistes.

Ce monde est nécessairement un peu mêlé et on s’y familiarise vite avec son voisin ; il n’est tel que l’approche du danger pour rapprocher les distances et pousser à la fraternité. Chacun se dispose, allumant sa lanterne. Les rires qui éclatent çà et là, assez forcés, et quelques mines effarées témoignent, à la gloire du cours de littérature de Noël et Chapsal, que tout le monde n’a pas encore oublié l’infortuné mortel égaré dans les Catacombes et par aggravation de peine mis en vers par l’abbé Delille. Cet autre brave qu’on entoure a prudemment emporté, comme en cas pour un hivernage, deux livres de bougies, un pain de quatre livres et une provision de chocolat ; pour un rien, en réfléchissant, si seulement il croyait encore avoir le temps, il courrait doubler ses munitions. Mais je ne jurerais pas que le farceur qui se moque plus haut que les autres de notre pèlerin précautionné ne recèle, si on le fouillait bien au fond de ses poches, quelques pelotes de ficelle en souvenir de Thésée, l’homme au labyrinthe, Le classique est éternel.

Vous ne doutez pourtant pas, madame, vous qui êtes brave comme un homme — brave, — que dans ces visites réglementaires il ne saurait y avoir l’ombre d’un danger. A la queue leu leu, nos excursionnistes, comptés à l’entrée pour être recomptés à la sortie, n’ont qu’à défiler en sécurité parfaite par l’itinéraire restreint qui leur est conféré dans l’ossuaire, sous la surveillance des hommes de garde en sentinelle à chaque fausse issue. Tout autre assurément pourrait être sans ces précautions l’issue de l’entreprise par cet immense enchevêtrement de carrières romaines d’où notre Lutèce est sortie du troisième au huitième siècle et qui se replient en milliers de méandres des deux côtés de la Seine, de Vaugirard à Charenton, de Passy à Ménilmontant.

Mais la poterne s’est ouverte. Chacun s’engouffre peu à peu par l’étroit escalier au tournant rapide. Vous plaît-il d’apprendre que cette entrée, la plus pratiquée, est l’une des soixante que comptent dans Paris les Catacombes et aussi que son escalier à quatre-vingt-dix marches ? Je veux croire que ces statistiques ne vous intéressent guère plus que moi.

Je ne sais, d’ailleurs, pour commencer, qui pourrait se charger d’énumérer au juste les six à sept millions de squelettes que plus de dix siècles nous ont ici légués, mine inexploitée de phosphate de chaux et de nitrate de potasse.

Enfin nous voici en bas de l’interminable et glissant escalier. Suivant les premiers de notre monôme, suivis des autres, nous cheminons par une étroite galerie aux parois suintantes et dont la voûte écrasée fait courber les plus hauts. La monotone procession se prolonge et, pour la rendre plus désagréable par ces viscosités, l’odeur fumeuse de cette théorie de bougies — encore n’y a-t-il pas quelque chandelle arriérée ? — se condense et fige dans ce long corridor sans air.

Mais l’espace se fait plus large autour de nous. Une porte nous apparaît : du-dessus l’inscription :

MEMORIÆ MAJORUM
et des deux côtés :
HAS ULTRA METAS REQUIESCUNT,
BEATEM SPEM EXPECTANTES

C’est ici. Nous pénétrons dans l’ossuaire.

Entre les piliers de pierre de taille sommairement équarris, arrivés à propos pour préserver cette partie méridionale de Paris des éboulements qui s’y produisaient trop souvent, sont rangés dans un ordre parfait — (on dirait l’immense chantier d’un marchand de bois méticuleux —) tous les ossements recueillis, depuis 1785 surtout, dans les cimetières supprimés, les anciennes églises et les fouilles qui ont sous le second Empire retourné de fond en comble grande partie du sol Parisien. Depuis les Césars et les invasions des Normands jusqu’aux derniers bourgeois et manants extraits en 1861 du cimetière de Vaugirard, tout ce qui a vécu et s’est éteint dans Paris dort ici, viles multitudes et grands hommes acclamés, saints canonisés et criminels suppliciés en place de Grève. Dans l’égalitaire confusion de la mort, tel roi Mérovingien garde l’éternel silence à côté des massacrés de septembre 92. Valois, Bourbons, Orléans, Stuarts, achèvent de pourrir au hasard, perdus entre les malingreux de la Cour des Miracles et les deux mille « de la religion » que mit à mort la Saint-Barthélemy.

Mais le néant de la chose humaine ne serait pas complet et le niveau de l’éternité veut plus encore : ces squelettes péle-mélés sont eux-mêmes désagrégés, dispersés à ne jamais plus se retrouver pour se réunir au Jugement du jour dernier. Par la main des manœuvres spéciaux attachés à l’année à ce service, les côtes, vertèbres, sternums, carpes, tarses, métacarpes et métatarses, phalanges, etc., tout le menu des os, sont refoulés, tassés en masses plus ou moins cubiques sous les cryptes, — en bourrages, comme on dit ici, — et maintenus à l’avant par des têtes choisies dans les mieux conservées : — ce que nous appelons les façades. L’art des terrassiers combine ces chapelets de crânes avec des fémurs disposés en croix dans certaines dispositions symétriques et variées, et nos décorateurs funéraires s’y appliquent — « de façon à rendre l’aspect intéressant, presque agréable », dit ce bon Dulaure, évidemment séduit, et que M. Paul Fassy, dans son très intéressant travail sur les Catacombes, à quelque raison de traiter de « partial ».

Ainsi, les crânes qui composent cette « façade » devant laquelle nous passons proviennent de la rue de la Ville-Levesque où furent jetés en commun une partie des exécutés de 1793. Parmi eux, incontestablement, se trouve Philippe-Égalité, duc d’Orléans. — Lequel ?

Et ce verset du premier livre de saint Luc, fatal comme une sentence, est-ce le seul hasard qui le choisit pour être ici gravé :

DEPOSUIT POTENTES DE SEDE ET EXALTAVIT HUMILES

Il est établi que tous sont là en leurs fragments mêlés : sainte Geneviève et Mirabeau, Marat avec Nicolas Flamel « et son épouse », saint Vincent de Paul et le cardinal Dubois, Marguerite de Bourgogne avec le Prévôt Marcel, Perrault, l’architecte conteur, le maréchal d’Ancre, Voiture, Cassini, Benserade, saint Médéric, Gauthier Garguille, Malherbe, Gassendi, Philippe de Champaigne, Lulli, Rabelais, Commines, etc., etc. Frédégonde repose peut-être entremélée avec mademoiselle de la Vallière et mademoiselle de Scudéri par le fouillis de Turlupin entre Pichegru et l’abbé Santeuil.

C’est le défilé des grands noms de France comme celui des petits. Pas une de nos vieilles familles qui n’ait à réclamer là quelqu’un des siens, Condés et Contis, Soyecourt et Vendôme, Larochefoucault, Créqui, Rohan, Montmorency, Villars, Blacas, Brancas, Noailles, Du Lau, La Trémoïlle, Nicolaï, Luxembourg, Molé, etc., etc., gisant de çà et de là à trace implacablement perdue par l’innombrable encombrement des plus humbles, des anonymes, les Durand, Legrand, Petit, Lemaître, Berger, Lenoir où Leblanc.

Ce fragment que votre pied vient de heurter, ce débris sans nom, un de vos grands-pères, une grand-mère peut-être, madame. — Et cela a aimé, cela a été aimé…

Quelle vanité humaine, quel orgueil pourrait tenir devant cette inéluctable promiscuité finale de nos poussières, lorsque, hier, la mâchoire d’un cardinal Richelieu courait les marchands de bric-à-brac suivie à la piste par les reporters, — quand, pièces en main, m’affirmait un érudit des plus sérieux, la Chapelle Expiatoire, ce pèlerinage vénéré des derniers fidèles, ne contiendrait pas vestige des reliques de Louis XVI, mais précisément les os détestés d’un Robespierre ? — Quel nobiliaire, quels titres, quels cartulaires, quels scellements ? — Cherche-le, ton glorieux matricule, par ces tas de tas sans fin, pauvre insensé !

On a décidé, depuis quelques années surtout, de distinguer les ossements des provenances diverses. Des inscriptions lapidaires indiquent que tel amas provient de Picpus, tel autre du couvent des Cordeliers ou du Marché des Innocents. Ces inscriptions alternent avec des versets latins de la Bible et des morceaux français, assez fâcheusement dépistés pour la plupart par une sélection tenace dans nos poëtes minores, Lemierre, Ducis, Delille déjà nommé et autres Campistrion.

Une petite source d’eau limpide et toujours de niveau dans sa cuve de pierre sert d’asile à cinq ou six petits poissons importés par la fantaisie d’un travailleur de l’endroit, qui vous les présente avec quelque orgueil. J’imagine que par les ténèbres quasi perpétuelles, ces poissons sont en train de devenir aveugles, comme les espèce à vision atrophiée que l’on trouve aux lacs souterrains et les insectes cavernicoles. — Au-dessus de la source :

SICUT UNDA DIES NOSTRI FLUXERUNT

C’est assurément là l’une de ces pensées profondes auxquelles Bourdaloue ni même M. Prudhomme ne trouveraient moyen de dire non.

Plus loin, mais hors de l’ossuaire, est un puits très large et profond, dans lequel on est irrésistiblement tenté de descendre par les larges marches. — Seulement, se défier : — cette eau est d’une limpidité telle qu’on ne saurait la percevoir qu’au toucher et j’avertis que le bain de pieds est à la glace : J’y fus pris.

A côté, deux essais de sculpture architecturale, taillée dans le tuf :

QUARTIER BE CAZERNE (sic)
PORT SAINT PHILIPPE 1777,

disent les inscriptions de l’artiste. Ces travaux de patience qui ne porteront nul préjudice à la colonnade du Louvre, sont dus aux loisirs d’un ancien soldat nommé Décure qui avait, paraît-il, choisi là sa retraite, et que la tradition locale y fait périr, victime de son imprudence, sous un éboulement.

Voici encore, pour ne rien oublier, une lourde table pareillement taillée en pleine pierre et sur laquelle la même tradition veut que Charles X ait pris une collation.

Des légendes sur des cippes témoignent qu’à cette autre place sont réunies les victimes du

combat au chateau des thuileries (sic)
le 10 aoust 1792

puis ici, celles des combats de la place de grève, de l’hôtel de ville, de l’hôtel de brienne et de la rue meslay, les 28 et 29 aoust 1788 — et là, celles du combat a la manufacture de reveillon, le 28 aoust 1789.

Cette autre inscription est plus saisissante encore dans sa concision lapidaire :

D. M.
II et III
Septmbr,
MDCCXCII

Une pierre tombale, la seule que nous trouvions ici recueillie parmi tant de milliers d’autres de plus gros intérêt, se dresse encore pour nous apprendre en prose et en vers qu’elle couvrit le corps de Françoise Gellain, femme Legros, qui aida l’évasion de Latude.

Voici le sarcophage dit Tombeau de Gilbert, où Gilbert manque. Mais il ne saurait être bien loin.

Et l’autel provisoire où au moins une fois l’an, je suppose, une messe réglementaire doit être dite pour tant de trépassés, catholiques, huguenots, juifs ou même mahométans, en attendant toujours la chapelle spéciale que ne cessait de réclamer le ci-devant pamphlétaire Timon de Cormenin, jadis funeste aux lapins de l’ancienne liste civile. :

Ici la voie est barrée. Cet énorme amas d’ossements, éboulement dont le sommet perce la voûte, provient du puits de la rue de la Tombe-Issoire (— ou tout simplement Tombissoire ? —) Par ce puits sont au fur et à mesure[1] déchargés tous les débris humains mis à jour dans les cimetières supprimés et les déblais pratiqués pour la création des voies nouvelles, puisque la mort elle-même ne peut nous garantir contre l’expropriation. Les hommes de l’ossuaire les entassent dans chacun de ces deux tombereaux qu’ils poussent une fois pleins devant eux vers les voussures vides encore qui attendent leur « bourrage ».

A côté du monceau, une petite bière toute fraîche neuve. Une carte récemment clouée, suscrite à la main, nous apprend que les restes qu’elle contient ont été désignés et réservés pour être ailleurs ensevelis. La décomposition par le tombeau n’a pas laissé grand’chose à garder, car c’est un vrai cercueil d’enfant.

Mais quoi ! parmi tant d’êtres, autrefois si chers, un seul évoqué ! Notre piété de la famille s’éteint-elle donc, elle aussi ? Et devant l’abandon conclusif et universel, n’y avait-il pas lieu pour les ordonnateurs de cette nécropole où tout vient s’évanouir jusqu’au souvenir des pères dans la mémoire des fils, de remplacer un des distiques de leurs Chenedollés d’élection par le cri déchirant qui s’échappe comme un sanglot de la poitrine du psalmiste :

« O vous qui fûtes mes amis, ayez pitié de moi ! »

Et encore des ossements et des inscriptions encore, toujours triées dans le répertoire des minores et minimi académiques… — N’en avez-vous pas assez, madame ? Le pittoresque s’épuise vite ici, les aspects ne sont pas variés, et nous tournerions toujours sur nous que nous n’en verrions pas davantage. Ce mot mystérieux — Catacombes — excite par lui seul une curiosité qui, datant de loin, a bien pris son temps de couver. Tout le monde n’a pas le loisir, l’occasion ou la pensée de descendre ici, — et c’était là raisons suffisantes pour y venir. Mais vous avez déjà trouvé comme moi que quelques pas dans ces souterrains et la curiosité est tôt satisfaite. C’est un de ces lieux où tout le monde veut être allé et où personne ne retournera.

Grimpons donc cet escalier qui semble à notre impatience plus interminable encore qu’à la descente, — et voici l’air suave du dehors, voici la lumière, le soleil, la Vie, qui chassent derrière nous comme un rêve pénible, pis encore, ennuyeux, le souvenir de cette excursion funèbre.

 

Nous, maintenant, redescendons pour travailler.

Nous allons demander à notre objectif de se passer de la lumière diurne pour nous « rendre » ce qu’avec nous « il voit » : nous allons tenter le premier essai souterrain de la photographie aux lumières artificielles qui nous ont déjà si bien suppléé la lumière solaire dans notre atelier de portraits.

Mais, à cette place, ceci demande quelque explication.

X

La plupart de ces opérations que nous exécutons aujourd’hui couramment, en toute aisance, semblèrent, avant le premier essai, des impossibilités, parfois des défis au bon sens.

Comme dans ma tentative de photographie aérostatique, alors si vivement combattue et déniée par les plus compétents, je rencontrai plus d’un contradicteur lorsque je m’occupai de suppléer la lumière diurne par les éclairages artificiels tout indiqués pourtant dans la multitude de cas où la lumière solaire fait défaut ou se trouve insuffisante. L’idée conçue, je me mis aux préparatifs.

L’électricité se présentait d’abord pour les opérations suivies et le magnésium en certaines conditions. Mais à cette époque (1838) l’électricité était encore bien loin des simplifications pratiques vers lesquelles elle allait tout à l’heure marcher à pas de géant. Nous n’avions pas les précieux accumulateurs portatifs, ni les générateurs intermédiaires de Gaulard, ni toutes les autres facilités présentes, et nous étions réduits à toutes les encombrantes incommodités de la pile Bunsen. Pas de choix.

Je fis donc installer par un électricien expérimenté, sur une partie pleine de ma terrasse du boulevard des Capucines, cinquante éléments moyens que j’espérais et qui se trouvèrent suffisants à me fournir la lumière requise. Je passe sur les embarras et difficultés de l’installation et des manipulations, tout véniels en comparaison des empêchements que je devais rencontrer plus tard, — à l’exportation.

Ma première application appartenait de droit au portrait avant de me lancer dans les expéditions à l’extérieur projetées.

Je commençai naturellement l’expérience in anima vili, sur ma simple personne et sur mon personnel de laboratoire.

Si médiocres et même détestables que fussent ces premiers clichés, le bruit de la tentative s’était répandu dans notre microcosme photographique où chacun tenait l’œil ouvert sur le voisin et j’étais aussitôt invité à donner une séance au Cercle et journal la Presse scientifique, alors installés rue Richelieu, à côté de la fontaine de Pradier — le sculpteur agréable mais inintégrai dont Préault disait : « — Il part tous les matins pour Athènes et il rentre tous les soirs place Bréda. »

Immédiatement transporté rue Richelieu tout mon encombrant matériel, j’obtins divers négatifs, — entre autres le groupe du Président et de ses deux assesseurs à leur bureau, — clichés dont je tirai séance tenante les positifs avec mon foyer électrique.

Ces premiers clichés ressortaient durs, avec des effets heurtés, les noirs opaques, découpés sans détails dans chaque visage. Les prunelles ou éteintes par excès de clarté ou brutalement piquées, comme deux clous.

Pour parfaire, il fallait un second foyer de lumière adoucie, fouillant les parties ombrées. J’essayai les flambées de magnésium ; mais nous n’avions pas encore les lampes si propices inventées depuis et l’usage du magnésium, sans parler de la fumée, présentait nombre d’inconvénients.

Je tentai de tamiser ma lumière en plaçant une glace dépolie entre l’objectif et le modèle, ce qui ne pouvait m’amener à grand’chose ; puis plus pratiquement je disposai des réflecteurs en coutil blanc, et enfin un double jeu de grands miroirs répercutant par intermittences le foyer lumineux sur les parties ombrées. J’arrivai ainsi à ramener mon temps de pose à la moyenne diurne et finalement je pus obtenir des clichés à rapidité égale et de valeur tout à fait équivalente à celle des clichés exécutés quotidiennement dans mon atelier.

Je ne m’arrêterais pas sur ces essais et la gradation de tâtonnements élémentairement indiqués par le moindre sens pratique si nous n’avions vu, il y a peu d’années, deux photographes, dont l’un très connu, s’entre-disputer à outrance devant les tribunaux la priorité de procédés appliqués et divulgués nombre d’années avant leur prise d’armes.

La permanence, à chaque tombée du jour, de cette lumière alors peu usitée arrêtait la foule sur le boulevard et, attirés comme phalènes à la lueur, nombre de curieux, amis ou indifférents, ne pouvaient résister à monter l’escalier pour connaître de ce qui se passait là.

Ces visiteurs de toutes classes, dont quelques-uns connus ou même célèbres, étaient au mieux accueillis, nous fournissant gratuitement un stock de modèles tout disposés à la nouvelle expérience.

C’est ainsi que je photographiai entre autres par ces soirées Niepce de Saint-Victor, G. de La Landelle, Gustave Doré, Albéric Second, Henri Delaage, Branicki, les financiers E. Pereire, Mirès, Halphen, etc., etc., et enfin mon voisin d’en face et ami, le professeur Trousseau.

La possibilité de la photographie aux lumières artificielles se trouvait donc désormais acquise ; il ne s’agissait plus que de passer à l’application rêvée.

Le monde souterrain ouvrait un champ infini d’opérations non moins intéressant que la surface tellurique. Nous allions pénétrer, révéler les arcanes des cavernes les plus profondes, les plus secrètes.

Mais sans aller d’abord si loin et pour commencer par le commencement, une besogne première se présentait sous nos pieds mêmes : les Catacombes de Paris, sans avoir dans leurs souvenirs la solennité d’enseignements des Catacombes Romaines, ont leurs confidences à nous faire, et, surtout, nous avions à reconnaître l’admirable travail humain accompli dans le réseau de nos Égouts Parisiens.

Nous avons passé par les Catacombes, n’indiquant jusqu’ici que tout sommairement notre procédure opérative dont les vraies difficultés vont surtout apparaître dans l’émonctoire métropolitain.

Pour bon ordre, poussons d’abord une reconnaissance dans la place et essayons de relever l’état des lieux.

À la lueur des lanternes et, de temps à autre, au jour vague qui tombe par les « regards » démasqués au dehors tout exprès pour les visites des excursionnistes, nous distinguons une galerie sans fin, ciment et rouge meulière. On dirait que l’humidité rouille la pierre.

Un trottoir étroit borde de gauche et de droite une canalisation plus profonde que large : cette éclusée d’un liquide impur, à épiderme épais, est ourlée de chaque côté d’une marge de rails sur lesquels circulent les petits wagons voyageurs destinés au service et aux visiteurs. Sous la direction de l’employé chargé de faire les honneurs du lieu, quatre convoyeurs chaussés des hautes bottes réglementaires, deux de ci deux de là, vont faire pour nous office de locomotive, la main déjà tendue sur les barres d’appui du wagonnet.

À remarquer l’irréprochable politesse de ces ouvriers résignés sous nous aux plus humbles travaux et dont la convenance en remontrerait parfois utilement à messieurs les commis, petits ou gros, de nos administrations publiques.

A peine avons-nous pris place sur le wagonnet qu’un long coup de trompe résonne sous les voûtes en signal de marche, pour être répété de loin en loin devant nous, à mesure que nous avançons, par d’autres sonneurs à leurs postes. Nos quatre coureurs nous ont déjà poussés en avant — et nous voilà partis sur nos rails de toute la vitesse de ces huit jambes, avec un roulement de tonnerre qui ne nous empêche pourtant d’entendre ni le grondement sourd des voitures qui circulent au-dessus de nos têtes, ni le fracas des plaques qui retombent derrière nous l’une après l’autre sur les « regards » à peine dépassés. — Par toute la ligne que nous avons à parcourir, dessus comme dessous, sur nous la consigne veille.

Il n’est que temps de nous apercevoir qu’il fut sage de nous précautionner d’un vêtement supplémentaire. L’atmosphère moite que nous traversons à toute lancée s’est bientôt faite glaciale : elle pourrait devenir meurtrière.

Si vite roulons-nous qu’à peine avons-nous le temps de distinguer aux écritures émaillées du Municipe, lettres blanches sur fond bleu, les noms répétés des voies publiques sous lesquelles nous glissons.

Un énorme tuyau de fonte d’un mètre de diamètre, soutenu par de substantielles potences et encore agrafé par des crampons solidement scellés, nous tient compagnie suivie tout le long du mur. C’est la conduite principale des Eaux de la Ville. — Une simple fissure, heureusement impossible, à cette conduite et par le déchirement subit sous la pression, nous serions sans rémission engloutis.

De temps à autre une cascade immonde tombe à notre gauche ou à notre droite par un chenal ménagé : un groupe d’égoutiers au labeur se range contre la muraille à notre approche, et, muet, nous regarde passer. De droite et de gauche nous laissons derrière nous nombre de galeries transversales, artères et artérioles de cette vaste circulation dont tous les vaisseaux réunis ne mesurent pas moins de soixante lieues.

Ici nous traversons une buée épaisse par laquelle s’abscurcissent la lampe à réflecteur placée à l’avant de notre wagon et la lanterne que porte notre premier équipier : cela signifie qu’au-dessus de nos têtes un établissement de lavoir liquide ses opérations de la matinée. — Plus loin une odeur nous envahit, qui pourrait être agréable si elle n’était autant violente : nous passons sous le laboratoire d’un parfumeur. Cette odeur, un souvenir de jasmin gâté par du patchouli (l’un des pseudonymes de l’horrible musc artificiel dont l’Allemand tire de la houille les puanteurs), sera la seule qu’il nous aura été donné de constater dans tout notre trajet par cet exutoire des infinies putridités d’une grande capitale, grâce à la ventilation parfaite et au système de vannes mobiles, wagons ou bateaux, qui entretiennent dans ces cloaques une évolution permanente : le « circulus » de la boue. Pourtant il ne faudrait pas trop s’y fier ; le poison, pour être latent, n’en demeure pas moins le poison. Le microbe ici tient ses États, règne et gouverne.

Mais loin, bien loin devant nous, un point lumineux apparaît, qui s’avance avec un fracas de typhon : de là le signal des trompes retentit. C’est un autre convoi qui vient sur nous et la voie n’est pas double. Par la collision, un déraillement dans ces ignominies serait horrible ! Heureusement, à notre contre-appel, l’ennemi ralentit sa marche. Nous nous trouvons justement, par les dispositions prises, arrivés sur un angle de dérive : notre wagon oblique à droite par une plaque tournante, et nous reprenons à toute vitesse notre itinéraire.

Pas un rat ; — je veux seulement dire que nous n’en aperçûmes point. Je veux croire que la sollicitude administrative les invite à se remiser lors de ces visites publiques pour ménager la susceptibilité des personnes nerveuses.

À quelques carrefours notre voie s’élargit inopinément en vastes coupoles. Comme ces amphithéâtres, un peu démesurés, ne me paraissent pas précisément destinés à des conférences ou concerts, il ne paraît pas téméraire d’admettre ici l’hypothèse de certaines prévisions stratégiques. Assurément chacun de ces Colysées clandestins offrirait des points fort utilisables pour des concentrations de forces en quelques éventualités, de même que l’infini du réseau souterrain ouvre une mine toute prête en ses mille galeries sous tous les points de la capitale…

Cette conception de l’Empire, le coup de foudre qui anéantit l’Empire ne lui laissa pas le temps de la réaliser ; on s’explique moins que les chefs de la Commune aux abois, réduits, déterminés à tout, n’aient pas utilisé ce formidable moyen de destruction au fur et à mesure de l’entrée des troupes, comme plusieurs s’y attendaient, convaincus[2].

Mais toutes nos destinées ne sont pas accomplies…

Cependant, nous roulons toujours et la voûte, dont la sueur glacée tombe gouttes à gouttes plus fréquentes, s’écrase sur nous de plus en plus et les parois serrées se resserrent encore. Par instants, nous devons — avisés par le cri de nos conducteurs — courber nos têtes, surtout sous les gros étançons transversaux dont le fer visqueux et mangé pleure des larmes de rouille. Les hautes bottes de nos coureurs clapotent dans le liquide affreux, sur les trottoirs submergés. Le chemin descend, descend encore : l’inondation monte : et ils enfoncent au-dessus des genoux, jusqu’à la ceinture tout à l’heure, courant toujours, et tout autour de nous ruisselle, flaque, découle, dégoutte, suinte. Le lieu est devenu tout à fait sinistre : par les miasmes épais qui flottent, nos lampes pâlissantes semblent défaillir, prêtes à s’éteindre. Au malaise succède le frisson, au frisson tout à l’heure l’angoisse : nous sommes à une des croix les plus lugubres de l’hypogée, dans les vieux égouts, là où nul improfessionnel, il y a soixante ans à peine, n’eût osé pénétrer. Ce n’est autour de nous qu’évents, goulottes, pilotis, siphons, gargouilles, un enchevétrement difforme de sentines et boyaux à défier l’imagination de Piranèse :

C’est le noir rendez-vous de l’immense néant…

Il y a des niveaux différents, étages dans la fange fluide. Le clapier a sa superbe et ses préséances. Ce qui reste d’espace étranglé entre pierre et eau s’obstrue encore de choses innommées, inquiétantes, et dispute la place à la bruine. Des chaînes énormes, toutes rongées, tirent sur une partie plus élevée du cintre, semblant se faire plus lourdes pour hâter l’écroulement ; ces poulies soudées par l’oxydation ne furent-elles pas disposées par un tortionnaire mystérieux pour quelque question terrible ? Entre les piliers cagneux, le mur infiltré, lépreux, et ces ferrailles monstrueuses, notre wagon maléficié ne saurait plus avancer d’une ligne : reculer, le pourrat-il ?… C’est le Barathrum. Et toujours, dessous, dessus, devant, derrière, partout, l’eau, cette eau sanieuse, infâme, avec toutes ses voix, — mugissements, hoquets, éclaboussements, crachements, borborygmes…

Nous reculons enfin ; l’horreur a fui, et, dégagés de ces épouvantes, nous roulons par une série nouvelle de voies tantôt droites, tantôt courbes. — Au tournant d’une tangente, on nous arrête.

Nous sommes descendus de notre chariot et, en quelques pas, nous nous trouvons sous l’arc d’une voûte majeure, au bord d’une large canalisation. C’est le fleuve final qui rallie tous ces affluents, la suprême synthèse de toute notre vie parisienne, — le Grand Collecteur. :

Un bachot massif, carré de forme, nous reçoit, et un dernier relais de coureurs, — ceux-là ne pourront plus que marcher, vu la pesanteur de leur convoi — nous hale lourdement sur le flux sordide. Nous traçons dans ces épaisseurs un large sillon en même temps que, par notre poussée, l’action de notre van mobile chasse à l’avant de notre bac les bourbes du fond vers la Seine empestiférée.

Dans l’histoire des égoûts, écrite avec la plume géniale du poète et du philosophe, après cette description qu’il a su rendre plus émouvante qu’un drame, Hugo raconte qu’en Chine il n’est pas un paysan revenant de vendre ses légumes à la ville qui n’en rapporte la lourde charge d’un double seau rempli de ces précieux ferments. Le livre si intéressant et documenté de M. Simon, qui habita la Chine pendant de longues années, énonce ce fait coutumier que l’auteur me confirma lui-même.

Nous, nous envoyons au Pérou des navires pour nous rapporter à grands frais ce que nous jetons dédaigneusement ici, tout en hâte de nous en débarrasser, tandis que Barral, dans sa Trilogie agricole, évalue à quarante millions d’hectolitres de blé ce que notre agriculture perd annuellement d’engrais naturels. Tous nos économistes agraires, tous les hommes spéciaux, les Boussingault, les Liebig, les Grandeau, ne cessent de protester chaque jour contre une aussi incompréhensible démence. Mais de les écouter on n’a garde, de les entendre encore moins et notre insondable bêtise humaine s’obstine à perdre, dans Paris seul, des centaines de millions chaque année pour empoisonner nos poissons.

Il est dit et redit qu’en tous ordres de choses nous persisterons à marcher sur la tête, ce qui n’est pas le bon moyen pour être à notre aise.

Mais revenons, pour en finir, à notre action sous le sol engagée.

D’après les tâtonnements de nos premiers essais en l’atelier, un praticien aura d’abord pressenti les difficultés qui nous attendaient par des localités nullement disposées pour nous recevoir.

Le premier de nos impedimenta était l’encombrant bagage de nos piles successivement distribuées sur un ou deux chariots. Toutes les combinaisons essayées, épuisées, arrivèrent finalement à échouer devant l’étroitesse de quelques-unes de ces voies souterraines, étranglées à certaines places comme des taupinières…

Il fallut se résoudre à laisser cette partie de notre matériel au dehors, sur la voie publique, d’où il communiquerait avec nous par quelqu’un des petits cratères municipaux, puits de Catacombes ou regards d’Égouts. On le roulerait d’un de ces orifices à l’autre au fur et à mesure de nos opérations souterraines.

La surveillance d’un personnel attentif n’arrivait pas toujours à préserver suffisamment l’attirail contre la curosité, l’indiscrétion des passants agglomérés. La foule est partout incommode, importune, et si la badauderie Parisienne n’a pas volé sa réputation, ce n’est pourtant pas qu’elle soit là plus puérile que partout ailleurs (— nous l’avons retrouvée d’une nigauderie au moins égale en toutes villes et bourgades de tous les pays sans exception —), c’est parce que Paris lui fournit un public plus touffu.

L’éloignement du foyer générateur ne facilitait pas notre opération. À chaque instant on achoppait aux lenteurs des arrangements ou modifications, aux entretemps forcés de la manipulation ou à quelque fortuité imprévisible. Nombre de fois, de nos terriers où le temps était déjà bien long — « on se fait vieux ici ! » disait un aide — il nous fallut dépêcher un messager par des chemins peu sommaires pour nous renseigner sur quelque arrêt subit qui nous forçait à recommencer péniblement une opération déjà mal commode, juste au moment où elle touchait à sa fin.

À certains points, l’espacement des bouches de communication nous imposait un développement exagéré des fils conducteurs, et, sans parler de tous autres inconvénients ou difficultés, il nous fallait à chaque déplacement tâter empiriquement nos temps de pose, or, il est tel de ces clichés qui se trouva exiger jusqu’à dix-huit minutes. — Se rappeler que nous en étions encore au collodion, moins pressé que les plaques Lumière.

J’avais jugé bon d’animer d’un personnage quelques-uns de ces aspects, moins au point de vue pittoresque que pour indiquer l’échelle de proportions, précaution trop souvent négligée par les explorateurs et dont l’oubli parfois nous déconcerte. Pour des dix-huit minutes de pose, il m’eût été difficile d’obtenir d’un être humain l’immobilité absolue, inorganique. Je tâchai de tourner la difficulté avec des mannequins que j’habillai en manœuvres et disposai au moins mal dans la mise en scène ; ce détail ne compliqua pas nos besognes.

Mais je ne saurais dire combien de fois notre travail se trouva interrompu, arrêté, par une cause ou par une autre. Tantôt les acides affaiblis n’étaient pas suffisamment renouvelés et nous devions rester l’arme au pied dans ces séjours peu agréables, suspendant toute opération. Par deux fois, je dus changer le manipulateur qui avait affermé la fourniture de notre lumière. Faut-il raconter encore notre déception, notre colère, lorsqu’après plusieurs tentatives sur un point difficile, au moment où toutes précautions prises, tous obstacles supprimés ou tournés, notre opération décisive touchant a sa fin, — tout à coup, à nos dernières secondes de pose, un nuage s’élevant de la canalisation venait voiler notre cliché — et quelles imprécations alors contre la belle dame ou le bon monsieur au-dessus de nous qui, sans nous soupconner, choisissait juste ce moment-la pour renouveler l’eau de sa baignoire !

Il faut compter que ce méchant métier, par égouts ou catacombes, n’avait pas duré pour nous moins de quelque trois mois consécutifs. A mon plus ferme ennemi, si j’en ai un, je ne souhaiterais pas ce trimestre d’une telle villégiature. J’avais donné là au delà de ma résignation et j’étais arrivé au fond de sac de ma patience. Je m’arrêtai — avec un regret pourtant, car l’œuvre n’était pas encore tout à fait complète comme je l’aurais rêvé. Mais énervement à part, j’étais rappelé à l’atelier de par d’autres nécessités d’autant plus urgentes après absence aussi longue.

En somme, je rapportais cent clichés, bons en majeure partie, quelques-uns aussi parfaits réellement que s’ils eussent été accomplis sub Jove, sub sole. Ils me coûtaient cher, de toutes façons, mais je ne regrettais rien.

Je me hâtai d’offrir les cent premières épreuves aux collections de la Ville de Paris par les mains de l’éminent ingénieur de nos constructions souterraines, M. Belgrand : notre travail attestait sa gloire. Quelques mois plus tard, il me fit l’honneur de me demander une seconde collection dont j’eus de nouveau le plaisir de lui faire hommage.

  1. 1867.
  2. Lettre de N… (Paris), à Louis Blanc (Versailles), … mai 1871.