Qu’on châtre la frocaille ! En attendant mieux
QU’ON CHÂTRE LA FROCAILLE !
EN ATTENDANT MIEUX
La semaine dernière, comme je donnais le dernier coup de fion à mes flanches, les quotidiens racontaient la disparition d’un mioche lillois, le petit Gaston Foveaux, que ses parents avaient eu la criminelle trouducuterie de coller à l’école des ignorantins de Notre-Dame-de-la-Treille.
— Encore un pauvret que les cafards ont étrillé ! que je ruminai.
C’était là une si vague supposition que je posai ma plume sans en faire part aux bons bougres.
Le lendemain, ma supposition était confirmée par les faits :
Le petit Foveaux avait bel et bien été victime des ignorantins ! On avait dégoté son cadavre dans la cafardière et aucun doute n’était possible. Tout de suite, les soupçons des chats-fourrés se concentrèrent sur l’enfroqué Flamidien et une chiée d’accablantes preuves vinrent préciser les soupçons.
Le monstre a-t-il opéré seul ?
On ne sait pas !
Mais ce qu’on sait parfaitement, c’est que ses copains ensoutanés n’ont pas ignoré le crime et qu’ils ont bougrement manœuvré pour sauver la mise au Flamidien.
Ah, si les porcs avaient pu subtiliser le cadavre, le trimbaler au dehors du couvent !
Ils durent y renoncer. C’est alors qu’ils se décidèrent à sortir la victime de sa cachette et à l’installer au milieu d’un parloir, où, le lendemain les jugeurs le trouvèrent sans recherches. Près du cadavre, les frocards avaient posé une lettre qu’ils voulaient faire attribuer à l’assassin et qui n’était qu’un boniment imbécile :
« Je suis socialiste, disait la babillarde, et j’ai tué le petit Foveaux pour faire des misères aux prêtres… »
Ça sentait le cafard d’une lieue !
Turellement, ça n’a pas pris.
Une autre manigance des enfroqués a été de dénoncer un de leurs amis, bigot enragé et salisseur de gosses — mais qui ne porte pas la soutane.
Si on avait pu rejeter l’assassinat du petit Foveaux sur le menuiser Mulo, l’honneur des enfroqués était sauf.
Je t’en fiche ! Flamidien reste, malgré les manœuvres de ses amis, l’empapaouteur et l’assassin.
Alors la jésuitaille a entonné un autre cantique :
« Pourquoi faire retomber sur une collectivité la responsabilité d’un crime individuel ? »
Eh foutre, on n’était pas habitué à entendre les jésuites argumenter ainsi. Il n’y a pas longtemps que ces mêmes jean-fesse agonisaient les anarchos de sottises et, pour les actes d’un seul, gueulaient qu’il fallait taper dans le tas.
Donc, tant pis pour ce qui leur arrive : ils ont mis en circulation des boniments qui se retournent contre eux — ils ont craché en l’air et le glaviot leur retombe sur le nez.
C’est bien fait !
Au surplus, il n’y a pas de comparaison possible entre l’acte d’un anarcho et le crime d’un porc ensoutané.
Si un anarcho fout les pieds dans le plat et casse les vitres sociales c’est qu’il est fichu à cran par les abominations ambiantes et qu’il veut protester contre les vacheries des riches et des dirigeants.
À qui la faute ! À la société tout entière ! C’est elle qui engendre la misère et l’oppression — c’est elle la responsable des actes de révolte.
Les anarchos n’y sont pour rien : ils se bornent à constater que tout va de guingois dans la société capitaliste et à crier casse-cou.
Si vous dégringolez dans un précipice rendrez-vous responsable de votre chute un bon fieu qui vous aura averti du péril et que vous n’avez pas écouté ?
Évidemment non !
Hé bien, les anarchos ne sont rien de plus que des avertisseurs.
Or donc, entre eux et les cochons ensoutanés il n’y a pas mèche de dégoter un semblant de rapport.
Les enfroqués sont des feignasses qui, s’ils étaient restés des hommes, n’auraient pas été ni plus malpropres, ni plus méchants, ni plus criminels que le premier venu. Mais ils ne sont pas restés des hommes ! Ils se sont isolés, se sont créé une existence à part, une vie anti-humaine… Il n’y a donc rien d’épatant à ce qu’ils arrivent à être des monstres.
Et il n’y a pas d’erreur : étant donné les circonstances et l’influence du milieu, les porcs du calibre de Flamidien sont une résultante fatale du ratichonisme.
Aussi a-t-on raison de s’en prendre non seulement au cochon sur qui paraît peser la responsabilité individuelle du meurtre du petit Foveaux, mais encore à ses copains, — à toute la frocaille, à toute la jésuitaille.
Les mœurs contre toute nature sont le produit inévitable de l’amoncellement des types d’un même sexe : dans les prisons, il se passe de sacrées malpropretés et c’est kif-kif aux biribis africains.
La frocaille ne peut pas échapper à la fatalité !
Bien au contraire, le vœu de chasteté que les ensoutanés prononcent les prédispose à toutes les cochonneries : ce vœu les tourneboule, la luxure les brûle et ils se vautrent vite dans toutes les salauderies !
Quand les ensoutanés sont des ignorantins qui se spécialisent à l’abrutissement des gosses — malheur aux petiots !
Les bons bougres qui ont eu la déveine d’aller chez les frères ne me démentiront pas : les Flamidien sont légion !
Il n’y aurait qu’un moyen de foutre les enfroqués à l’abri du vice malpropre : ce serait de les chaponner !
Y a que ça, les châtrer !
Et dam, quoi de drôle ?
Puisque ces porcs jurent de rester chastes, il n’y a pas de mal à ce qu’on les fiche dans l’impossibilité de succomber à la tentation ; une fois châtrés on pourrait les laisser courir en liberté, sans crainte qu’ils violent leur parole et les gosses.
Mon idée n’a d’ailleurs rien de loufoque : un saint du calendrier crétin, Origène, qui n’était fichtre pas une foutue bête, se fit l’ardent champion de la castration des curés.
Le bougre était évêque — et il prêcha d’exemple, nom de dieu !
Il se fit chaponner !
Malheureusement, son exemple n’a pas été suivi.
C’est que la frocaille ne fait vœu de chasteté que pour cacher son jeu : n’ayant pas de famille, ayant brisé tous les liens sociaux, ces animaux arrivent vite à exécrer l’humanité ; ils sont ainsi plus à même de faire du mal au populo en nous introdufubilisant leurs mensonges ; quant à leurs passions, loin de les réfréner, ils les assouvissent sans mesure… Et ils arrivent ainsi à être à tous points de vue — tant au moral qu’au physique — de parfaits jésuites, des monstres complets !
Les bouffe-galette sociales parlent de pondre une loi qui interdise aux enfroqués de faire l’école.
C’est un remède idiot ! Ça n’empêchera pas les prêtres de souiller nos mômes.
Ma binaise est bougrement plus efficace :
Qu’on les châtre !
Ce n’est pas radical — c’est simplement opportun !
Le remède radical serait autrement galbeux… Un petit coup de chahut sérieux et la frocaille ne nous emmiellerait plus…
En attendant, le chaponnage a du bon !
Les montreurs de vipères ont soin d’arracher les crocs venimeux aux reptiles de leur collection.
Qu’y a-t-il de drôle à ce qu’on opère identiquement vis-à-vis des cafards ?
Puisque nous sommes d’assez foutues andouilles pour laisser ces bêtes venimeuses circuler au milieu de nous, la plus élémentaire des précautions est de les mettre dans l’impossibilité… de mordre !