Proclamation aux citoyens de la Belgique contre l’Autriche

PROCLAMATION.


CITOYENS !


Si la Liberté regne dans la Belgique, c’est pour protéger l’ordre public, pour maintenir la sureté & la tranquillité individuelles, c’est pour leur prêter un égide impénétrable contre les malveillans. Dans une République naissante, aigrir les esprits, fomenter les agitations intestines, exagérer les craintes, semer les alarmes, c’est appeller l’Anarchie, & provoquer la vengeance des Loix ; cette vengeance sévere frappera les coupables, quels qu’ils soient.

Il est des opinions que le tems & la raison peuvent seules épurer : l’oubli de ces principes entraîne les suites les plus funestes ; alors les Citoyens se divisent, les haines fermentent, & les factieux conspirent impunément au milieu du trouble, qui sert de voile à leurs complots.


Mais l’enthousiasme de la Liberté ne périra pas dans les cœurs des Français, soit qu’il faille la conquérir ou la défendre : DUMOURIEZ & sa brave Armée lui serviront de Bouclier contre les Despotes, jusqu’à ce que le Despotisme soit au tombeau ; ses Compagnons-d’Armes, dans l’intérieur, étoufferont tous les germes de l’Anarchie, & propageront chez un Peuple de Freres, l’amour de la Liberté & de l’Ḗgalite, qui sera pour eux le lien le plus fort, comme le plus doux.

Habitans des Villes & des Campagnes, déposez, il en est tems, toute défiance & tout esprit de parti ; que chacun se rallie à la cause de tous, celle de l’intérêt général, la seule qui puisse & doive triompher. Osez vous croire libres, vous l’êtes : les Suppôts de l’Autriche auront beau préconiser, au premier échec, le retour de l’esclavage ; vous verrez toujours, comme aujourd’hui, leur espoir trompé, & leurs fronts humiliés par nos Victoires. Deux grands Fleuves, la Meuse & le Rhin, & tout le Pays circonscrit dans leur cours, touchent enfin à une Liberté entiere & imperissable.

Que la sécurité entretienne l’abondance dans les Villes, & protege la circulation des denrées parmi les Campagnes ; que cette sécurité soit profonde & universelle, tout conspire à l’affermir & à la répandre. Nul Citoyen ne sera inquiété ; toute mesure arbitraire est proscrite. Négocians, Artisans, Cultivateurs paisibles, livrez-vous sans crainte à vos spéculations, à votre industrie, à vos travaux ; vos Droits sont connus, ils seront respectés : la République Française, à laquelle vous êtes liés par une mutuelle adoption, les a mis sous sa Sauve-Garde, & j’employerai constamment à maintenir cette Déclaration solemnelle, toutes les forces qui me sont confiées. Vous en avez pour garans une loyauté inviolable, & l’intérêt sublime de la Liberté.

Bruxelles, ce 17 Mars 1793, l’an 2e. de la République,


Le Général de Division Commandant dans le Hainaut & le Brabant.
DUVAL.