Principes de la musique et méthode de transposition, 4e édition/p1/3b
Hachette et Girod, (p. 85-88).
OBSERVATIONS SUR LA NOMENCLATURE DES INTERVALLES.
Cette irrégularité provient de la manière différente dont sont envisagés certains intervalles. Les uns (la seconde, la tierce, la sixte et la septième) reçoivent les qualifications de majeur et de mineur, se rapportant aux deux formes sous lesquelles ils s’offrent dans l’état diatonique. Les autres (la quarte, la quinte et l’octave) sont considérés comme ayant une manière d’être particulière, dont ils ne peuvent sortir sans être, en quelque sorte, dénaturés. Ces intervalles ne sont donc ni majeurs ni mineurs, ils sont appelés justes. Pour l’octave cela se comprend facilement, puisque, dans cet intervalle, le son aigu n’est que la reproduction du son grave. |
Ce qui frappe d’abord dans ce tableau des intervalles, c’est l’absence d’uniformité dans la nomenclature de leurs modifications.
La quinte ne peut donc subir de modification sans perdre toutes ses propriétés. De là la qualification de juste ou d’inaltérée, qui lui est communément attribuée. |
Venons à la quinte. La quinte dite juste, produit de la résonnance des corps sonores (§ 120), est le principe générateur du système musical. Ainsi que nous le verrons, c’est d’elle que découle la tonalité (§ 120), et elle forme dans les éléments du mode la partie fixe et immuable (§ 145), tandis que la tierce, autre produit de la résonnance, est susceptible de modification, et que c’est précisément de sa manière d’être que résulte le mode (§ 146).
(Voilà pourquoi la quinte et l’octave, prises harmoniquement, sont appelées consonnances parfaites. Voyez notre Cours d’harmonie.) |
Quant à la quarte, elle n’est appelée juste que parce qu’elle procède de la quinte dont elle est le renversement (§ 114). |
À cela ajoutons que la quarte dite augmentée et la quinte dite diminuée, selon cette classification, ont un caractère, une tendance résolutive conformes à la nature des intervalles augmentés et diminués. (Voyez notre Cours d’harmonie.) |
Voilà ce qu’on peut dire à l’appui de la distinction vulgairement établie à l’égard de ces intervalles. |
[1] à s’en écarter, et à classer la quinte que nous nommons juste parmi les intervalles majeurs, appelant conséquemment mineure la quarte qui en est le renversement (notre quarte juste). | Mais si, dans notre nomenclature des intervalles, nous avons cru devoir nous conformer à l’usage le plus généralement adopté, nous pensons qu’il est utile d’indiquer les solides raisons qui ont décidé plusieurs auteurs et théoriciens éminents
En effet, si parmi tous les intervalles formés par les degrés de la gamme diatonique, combinés l’un avec l’autre, on compare entre eux les intervalles de même nom, on les trouvera de deux sortes. C’est-à-dire qu’il y aura deux sortes de secondes, deux sortes de tierces, deux sortes de quartes, de quintes, de sixtes et de septièmes. |
La différence qui existe entre ces deux sortes d’intervalles de même nom est d’un demi-ton, pour tous les intervalles diatoniques (§ 111). Il n’y a d’exception qu’à l’égard de l’octave, dont la composition est toujours la même. |
Des deux intervalles de même nom, mais inégaux, le plus grand doit naturellement être qualifié de majeur, et le plus petit de mineur. |
L’octave, qui, diatoniquement, n’a qu’une manière d’être, sera le seul intervalle auquel conviennent les qualifications de juste ou d’inaltérée. |
De la sorte nous aurons : |
Seconde majeure, 1 ton. . . . . . . . | Seconde mineure, 1 demi-ton. |
Tierce majeure, 2 tons . . . . . . . | Tierce mineure, 1 ton et 1 demi-ton. |
Quarte majeure, 3 tons . . . . . . . | Quarte mineure, 2 tons et 1 demi-ton. |
Quinte majeure, 3 tons et 1 demi-ton . . . | Quinte mineure, 2 tons et 2 demi-tons. |
Sixte majeure, 4 tons et 1 demi-ton. . . . | Sixte mineure, 3 tons et 2 demi-tons. |
Septième majeure, 5 tons et 1 demi-ton. . . | Septième mineure, 4 tons et 2 demi-tons. |
Quant aux intervalles augmentés ou diminués, ils résulteront nécessairement d’une altération chromatique. |
NOTA. — Tous les exemples des intervalles majeurs et mineurs sont, dans ce tableau, formés avec des notes de la gamme d’ut, les altérations n’interviennent que pour les intervalles augmentés et diminués. |
Notre tableau des intervalles se trouverait donc modifié de la manière suivante :
PREMIÈRE | Diminuée. (Impraticable.) ex : |
Juste. UNISSON Intervalle nul. ex : |
Augmentée. Intervalle chromatique. Un demi-ton chromatique. ex : | |
SECONDE | Diminuée. Intervalle enharmonique. ex : |
Mineure. Un demi-ton diatonique. ex : |
Majeure. 1 ton. ex : |
Augmentée. 1 ton et 1 demi-ton chromatique. ex : |
TIERCE | Diminuée. 2 demi-tons diatoniques. ex : |
Mineure. 1 ton et un demi-ton diatonique. ex : |
Majeure. 2 tons. ex : |
Augmentée. 2 tons et 1 demi-ton chromatique. ex : |
QUARTE | Diminuée. 1 t. et 2 demi-t. diatoniques. ex : |
Mineure. 2 t. et 1 demi-ton diatonique. ex : |
Majeure. 3 tons. ex : |
Augmentée. 3 tons et 1 demi-ton chromatique. ex : |
QUINTE | Diminuée. 1 ton et 3 demi-tons diatoniques. ex : |
Mineure. 2 t. et 2 demi-tons diatoniq. ex : |
Majeure. 3 t. et 1 demi-ton diatonique. ex : |
Augmentée. 3 t., 1 d.-t. diat. et 1 demi-t. chr. ex : |
SIXTE | Diminuée. 2 tons et 3 demi-tons diatoniques. ex : |
Mineure. 3 tons et 2 demi-tons diatoniques. ex : |
Majeure. 4 tons et 1 demi-ton diatonique. ex : |
Augmentée. 4 tons, 1 demi-ton diat. et 1 demi-ton chromat. ex : |
SEPTIÈME | Diminuée. 3 tons et 3 demi-tons diatoniques. ex : |
Mineure. 4 tons et 2 demi-tons diatoniques. ex : |
Majeure. 5 tons et 1 demi-ton diatonique. ex : |
Augmentée. 5 tons, 1 demi-ton diat. et 1 demi-ton chromat. ex : |
OCTAVE | Diminuée. 4 tons et 3 demi-tons diat. ex : |
Juste. 5 tons et 2 demi-tons diat. ex : |
Augmentée. 5 tons et 2 demi-tons diaton. et 1 demi-ton chromatique. ex : |
La démonstration sommaire que nous venons de donner au sujet de cette classification des intervalles sera fortifiée par certaines observations qu’on trouvera au chapitre de la transposition. (Voyez la note à la page 147.) | |
Le tableau des intervalles serait difficile à apprendre et à retenir ; les remarques qui vont suivre fourniront le moyen de s’en dispenser. |
- ↑ Notamment M. Fétis, et Halévy, dans ses Leçons de lecture musicale. Citons encore E. Bodin, dans l’ouvrage intitulé : Traité complet et rationnel des principes élémentaires de la musique.