Œuvres complètes de Lamartine (1860)/Tome 1/Prière de l’indigent

DIXIÈME
MÉDITATION



PRIÈRE DE L’INDIGENT


1846


Ô toi dont l’oreille s’incline
Au nid du pauvre passereau,
Au brin d’herbe de la colline
Qui soupire après un peu d’eau ;

Providence qui les console,
Toi qui sais de quelle humble main
S’échappe la secrète obole
Dont le pauvre achète son pain ;


Toi qui tiens dans ta main diverse
L’abondance et la nudité,
Afin que de leur doux commerce
Naissent justice et charité ;

Charge-toi seule, ô Providence,
De connaître nos bienfaiteurs,
Et de puiser leur récompense
Dans les trésors de tes faveurs !

Notre cœur, qui pour eux t’implore
À l’ignorance est condamné ;
Car toujours leur main gauche ignore
Ce que leur main droite a donné.