Premier recueil de diverses poésies tant du feu sieur de Sponde que des sieurs Du Perron, de Bertaud, de Porchères et autres, non encor imprimées, recueillies par Raphaël Du Petit Val, 1604/Les Amours/Sonnet XIX

, François d'Arbaud de Porchères
Premier recueil de diverses poésiesImprimerie Du Petit Val (p. 15).

XIX.


Je contemplois un jour le dormant de ce fleuve
Qui traine lentement les ondes dans la mer,
Sans que les Aquilons le façent escumer
Ni bondir, ravageur, sur les bords qu’il abreuve

Et contemplant le cours de ces maux que j’espreuve
Ce fleuve dis-je alors ne sçait que c’est d’aimer,
Si quelque flamme eust peu ses glaces allumer
Il trouveroit l’amour ainsi que je le treuve.

S’il le sentoit si bien, il auroit plus de flots,
L’Amour est de la peine & non point du repos,
Mais ceste peine en fin est du repos suyvie

Si son esprit constant la deffend du trespas,
Mais qui meurt en la peine il ne merite pas
Que le repos jamais luy redonne la vie.