Pour les Laval


Bravo ! jeunes Universitaires !

Ils vous ont un air crâne, coiffés de ce béret si allègrement porté. Dans tous les pays, les corps universitaires se distinguent par un costume quelconque. Ici, à Montréal, notre jeunesse étudiante semblait réfractaire à cette idée, quand tout-à-coup, bravement elle couvrit son respectable chef d’une coiffure si bien caractérisée qu’elle plaît sans être d’une suprême élégance comme dit l’opérette. Le béret est tout de même joli, et il sied bien avec sa petite allure nonchalante, à nos jeunes amis. Ils ont l’air si heureux là-dessous, nos étudiants, que j’éprouve une véritable satisfaction en les croisant ; ils semblent dire :

Nous sommes des Laval !

Hourrah ! braves petits Canadiens ! Oui vous êtes des Laval, c’est-à-dire des nôtres, nous vous regardons gaiement parader dans nos rues, vous êtes la jeunesse, vous êtes l’avenir ! Les vieux en vous voyant, se rappellent les belles heures d’antan, vous réveillez en eux les joies anciennes ; les jeunes sourient aimablement à votre expansive gaieté, et si vous êtes un peu tumultueux, on sait vous le pardonner, car c’est si beau d’être jeunes ! Et puis cette jeunesse un peu tapageuse parfois, comme elle sait être sage lorsque les grands sentiments d’honneur et de patriotisme sont au jeu. Attaquons leur pays, leur Université, leurs futures professions ! Gare à nous, car ces jeunes deviennent des lions, lorsqu’il s’agit de défendre ce qui leur est cher à tant de titres.

« L’opinion de la jeunesse est toujours la meilleure, car elle est dépourvue de préjugés. » C’est Tolstoï qui disait ainsi. En effet, les jeunes jugent toujours avec leur enthousiasme, mais celui-ci est pur, pas du tout intéressé, et voilà ce qui donne tant de droiture aux sentiments de la jeunesse.

Pourquoi donc vieillissent-ils ?…

Je ne continue pas, car je souhaiterais à tous ces fiers lurons du béret de porter toute leur vie la coiffure universitaire. Et j’en connais qui me feraient les gros yeux !

Formons le vœu sincère que cette brillante génération d’aujourd’hui n’oublie pas demain qu’elle est canadienne-française ! Que le souffle patriotique qui anime ces cœurs battant noblement sous la toge, soit toujours brûlant d’amour national ; que cette flamme bien intense, les guide sur la route du devoir chaleur ardente qui ne laissera jamais refroidir leur vaillance !

Dans cinquante ans, Universitaires, nos amis, vous rappelant le cher petit béret, vous résumerez encore le passé, le présent et l’avenir dans ce chant de la patrie :

« Ô Canada, mon pays, mes amours ! »