Premières poésies (Évanturel)/Tristesse

Augustin Côté et Cie (p. 195-196).



TRISTESSE



HIER, je ne suis pas sorti de la journée.

Je ne crois pas avoir encore cette année
Souffert du spleen anglais, comme j’en ai souffert.
Aujourd’hui, moins fiévreux et voulant prendre l’air,
Je suis allé rêver seul à la promenade.



Et je suis revenu triste comme un malade,
Qui sent bien le progrès rongeur que fait son mal.


En entrant, j’ai voulu parcourir mon journal,
Écrire quelques vers joyeux pour me distraire.
Mais ma douleur était trop forte, et j’ai faire
Bien des pas dans ma chambre en y pensant toujours.

— C’est que tu ne m’as pas écrit depuis trois jours.