Premières poésies (Évanturel)/Premier de l’An

Augustin Côté et Cie (p. 97-98).



PREMIER DE L’AN



AUJOURD’HUI — premier jour d’une nouvelle année —
Ma voisine est venue, en voisine bien née,
Avec sa fille Hortense et son garçon Thomas,
Timidement, sachant que je ne sortais pas,
Me faire ses souhaits et me rendre visite.
Sur un signe que fit la mère à la petite,
L’enfant vint, en entrant, s’asseoir sur mes genoux.
Et, posant sur mon front un baiser des plus doux,
Retenant longuement mes deux mains dans les siennes :



— Mon voisin, me dit-elle, il faudra que tu viennes ;
Nous dînerons ensemble, aujourd’hui.
Nous dînerons ensemble, aujourd’huiQuel bonheur !
Je ne sais pas pourquoi, je restai tout rêveur,
Sans parler.
Sans parlerMais après un moment de silence :


— Oui, j’irai, répondis-je à la petite Hortense,
Qui sortit, me donnant un baiser amical.

— Pauvre gens ! j’oublierai que j’ai dîné fort mal !