Pour le premier ballet de monseigneur le Dauphin



V

AU ROY HENRY LE GRAND
pour le premier balet de monseigneur le dauphin

1608

Voicy de ton Estât la plus grande merveille,
Ce fils où ta vertu reluit si vivement ;
Aproche-toy, mon Prince, et voy le mouvement
Qu’en ce jeune Dauphin la musique réveille.

Qui témoigna jamais une si juste oreille
À remarquer des tons le divers changement ?
Qui jamais à les suyvre eut tant de jugement,
Ou mesura ses pas d’une grâce pareille ?

Les esprits de la Cour, s’attachans par les yeux
À voir en cet objet un chef-d’oeuvre des cieux,
Disent tous que la France est moins qu’il ne mérite.

Mais moy, que du futur Apolon avertit,
Je dy que sa grandeur n’aura point de limite,
Et que tout L’univers luy sera trop petit.