L’Évangéline (p. 69-71).


Esto vir ille ! À la jeunesse étudiante.



Jeunes gens qui vous vous préparez pour la lutte de demain, pouvez-vous rester indifférents au sol de la Patrie, au champ du laboureur, au laboureur lui-même ? Aimez donc la terre et tout ce qui s’y rapporte. Respectez de toute la vénération de votre âme celui qui la travaille et qui la sert fidèlement. Sans que vous soyez tenus à son labeur, ne pouvez-vous pas écouter les sublimes leçons qui s’en dégagent ?

Comme lui, vous dressez des sillons non moins pénibles, mais non moins fructueux aussi. Apprenez à son école l’amour du travail et la fidélité au devoir.

Le soleil ne le surprend jamais sur sa couche, il va au devant de lui et le voit poindre, chaque matin, à l’horizon…

Si les pluies dévastent la campagne, si le nord souffle dans la plaine, si le midi brûle les jeunes verdures, cet homme sera là et ne croira avoir accompli sa tâche que lorsqu’il aura porté le poids entier du jour et de la chaleur. Vous le verrez, beau temps mauvais temps, à l’œuvre, sans jamais murmurer, sans jamais se rebuter.

Souvent cet homme scrute du regard le firmament et cherche à pénétrer ses secrets comme pour y lire les tempêtes et les bourrasques de vent qu’il cache dans ses flancs… Apprenez de lui à tirer l’horoscope de vos destinées et à deviner les orages qui grondent au loin, pour que vous ne soyez pas surpris plus tard par les épreuves de la vie.

Si la sécheresse détruit la semence, si la grêle anéantit la récolte, cet homme adore les desseins de Dieu et baise avec respect la main qui l’éprouve : « Le Seigneur m’a tout donné, le Seigneur m’a tout ôté ; que son Saint Nom soit béni ! » Esto vir ille ! Soyez cet homme encore, ferme dans l’adversité et debout dans le malheur.

Enfin recueillez de lui cette dernière leçon :

Lorsque sonnera pour vous l’heure de l’action, que vous soyez prêtres de Dieu, dans l’Église, ou citoyens intègres dans la société, oh ! comme l’agriculteur encore et toujours, faites le grand geste de ce fervent de la terre et semez à pleines mains les idées saines et fécondes pour Dieu et pour la Patrie.