Les Amitiés Gréco-Suisses (p. 93-105).

L’Europe au sein de laquelle éclata soudain la nouvelle qu’il y avait encore des Hellènes et qu’ils réclamaient leur liberté ressemblait à une classe étroitement surveillée à la suite de l’équipée d’un écolier et de l’effervescence manifestée par les camarades du délinquant. Les gouvernements faisaient figure de pédagogues soupçonneux, irritables, prompts à distribuer arrêts et pensums, anxieux en tous cas de réprimer la moindre velléité d’insubordination concertée. Le péril pourtant n’était pas si grand. Sans doute on voyait de tous côtés des mécontents, des agités mais en petit nombre et plus bruyants que résolus. Les peuples fatigués n’aspiraient qu’au repos et à tout prendre, il n’était pas mauvais qu’après l’énervante et décevante épopée que l’on venait de vivre, l’horizon se limitât pour un moment à un idéal d’inactivité. Cet état de choses n’était point né spontanément. Il était issu du fameux Congrès de Vienne lequel assemblé en 1814 et brusquement interrompu par la réapparition de Napoléon échappé de l’île d’Elbe, avait repris en 1815 et abouti à une série de conventions visant à régler le sort de l’Europe de façon durable. De ces conventions, les unes renfermaient des clauses territoriales[1], tandis que d’autres posaient des règles générales de conduite. C’est ainsi que la Russie, l’Autriche et la Prusse avaient créé une véritable Société des Nations à laquelle les autres puissances étaient conviées à adhérer. Ce fut la « Sainte alliance » ainsi nommée à cause du préambule emphatique qui lui donnait la religion pour base.

La Sainte alliance ne dura que dix ans (1815-1825) ; elle ne pouvait vivre beaucoup plus en raison des intérêts contradictoires de ses dirigeants. Les historiens de l’avenir ne manqueront pas de la rapprocher de la Société des Nations édifiée un siècle plus tard. Ils mettront en parallèle le mysticisme et le demi-libéralisme du tsar Alexandre avec les bonnes intentions et les « quatorze points » du président Wilson. Ils observeront dans les deux cas une Allemagne méfiante, une France vouée au jeu stérile du balancier, une Angleterre inconsciemment hypnotisée par la perspective du profit immédiat. Ils noteront ici et là les mêmes pommes de discorde : la question polonaise, les problèmes balkaniques… surtout ils apercevront sous le manteau des principes juridiques la même aspiration à conclure un pacte de sécurité qui garantisse aux possédants la jouissance paisible de leur bien ; de quoi résulte forcément le droit d’intervention les uns chez les autres, pierre d’achoppement de toute union de ce genre. Celle-ci n’ayant point de siège social fixe, les souverains ou les premiers ministres des États qui en faisaient partie se réunirent chaque année dans une ville différente. De 1818 à 1825, les congrès d’Aix-la-Chapelle, de Troppau, de Laybach, de Vérone et enfin la conférence de St Pétersbourg se succédèrent régulièrement accentuant les divergences croissantes et soulignant l’impuissance de l’Alliance à diriger l’Europe.

C’est au Congrès de Vérone que la question hellénique s’imposa. Il y avait eu précédemment quelques troubles en Allemagne, en Espagne, dans le royaume de Naples. En Allemagne, c’étaient principalement les étudiants qui s’agitaient. Pour soulever le pays contre Napoléon, les souverains avaient en 1813 laissé prononcer d’ardentes paroles. On avait promis en leur nom l’émancipation, des institutions libres… la jeunesse s’en souvenait et commençait à s’alarmer que ces promesses ne fussent pas en voie de réalisation. À Naples où Murat aurait pu se maintenir mais s’était renversé lui-même par ses manœuvres maladroites, Ferdinand iv, rétabli sur son trône, avait accumulé en peu de temps assez de fautes pour rendre une rébellion inévitable. Effrayé, il s’était laissé imposer une constitution limitant son pouvoir ; appuyé par les armes autrichiennes, il s’employait à présent à remettre en vigueur le régime absolutiste. Même aventure en Espagne. Ferdinand vii, soutenu par la grande masse de la nation, eût gouverné à sa guise si les excès de sa politique réactionnaire n’avaient dépassé toutes bornes. La révolte finit par éclater. Les Cortès convoquées entreprirent de libéraliser l’Espagne, mais le roi n’attendait qu’une occasion de reprendre ses concessions.

Ces effervescences, si l’on peut ainsi dire, se manifestaient selon les règles. Il n’y avait là rien que de normal ; c’était l’éternel conflit entre gouvernants et gouvernés. Tout autre était le fait d’un groupe ethnique « porté comme disparu » et reparaissant soudain pour revendiquer son droit de vivre. Un tel phénomène n’était-il pas contraire à l’ordre établi ? La théorie bossuetique de la « succession des empires » et le dogme de la « légitimité » qui en était issu se trouvaient ébranlés par cette affirmation révolutionnaire de la survivance des races. De toutes les puissances, la plus atteinte était l’Autriche. Mosaïque de peuples divers, que deviendrait-elle si chacun de ces peuples venait réclamer à son tour l’indépendance ou seulement l’autonomie ?… L’influence autrichienne dominait maintenant dans la Sainte-alliance. Ce n’étaient plus les pieuses rêveries du tsar mais bien les calculs secs et précis du chancelier Metternich qui l’emportaient dans les conseils de l’Europe. Infatué de lui-même, Metternich s’attribuait le rôle de gendarme providentiel et jugeait que de sa ténacité dépendait le salut du monde. Comme le caporal légendaire, il ne voulait plus entendre « remuer un œil ». Aussi s’employa-t-il à obtenir que les délégués hellènes envoyés à Vérone fussent éconduits. Le congrès refusa de les entendre.

L’opinion occidentale pourtant, commençait à devenir attentive. Fort ignorante de l’état du monde balkanique, elle s’imaginait en général la péninsule occupée par de vagues débris d’anciennes populations autochtones destinées à perdre ce qui leur restait encore de leurs passés respectifs mais ayant conservé la religion chrétienne et ayant, à ce titre, droit à quelque protection encore qu’il s’agit d’un christianisme entaché de superstition aux yeux des protestants et tenu par les catholiques pour schismatique. Du sein de cette opinion ne tarda pas à se détacher une petite élite plus avertie des choses de l’orient. Lord Byron, Chateaubriand et d’autres moins illustres qui avaient visité ces régions en pouvaient parler en connaissance de cause. Bientôt d’ailleurs, les exploits des Hellènes fournirent le meilleur des aliments à l’enthousiasme de leurs partisans.

En réalité, ce n’était pas seulement le sort de la Grèce qui était en jeu mais aussi celui des Serbes, des Bulgares, des Roumains. Comme nous l’avons déjà vu, le joug ottoman s’était appesanti sur eux tous de façon opprimante et cruelle, certes, mais sans tendance à les supprimer collectivement et encore moins à les assimiler. À mesure que l’empire ottoman voyait sa force décroître, l’étau tendait donc à se desserrer et les nationalités opprimées à se reconstituer ouvertement. Le sultan n’exerçait plus qu’une ombre de pouvoir. À Constantinople, les terribles Janissaires lui dictaient à tout moment leurs volontés. Alger, Tunis, Bagdad, la Syrie, l’Albanie, la Bosnie étaient aux mains de vassaux dont la vassalité était toute fictive. Quant au pacha d’Égypte, Mehemet Ali[2], c’était un véritable souverain beaucoup plus puissant que le sultan. Maître de l’Arabie et de la Nubie, possédant une armée et une flotte redoutables, ayant développé fort habilement les ressources du pays, il était à même de jouer en orient un rôle de premier plan. De cet ensemble de circonstances concourant à accentuer la décadence ottomane, les Serbes avaient été les premiers à profiter. Leur condition était demeurée longtemps misérable. Réduits aux métiers de laboureurs, de bûcherons ou d’éleveurs de pourceaux, ils avaient conservé une organisation villageoise toute patriarcale. Le bas clergé issu d’eux partageait leur misère. Les évêques étaient généralement des grecs ayant acheté leurs charges au sultan. Dans les villes, les Janissaires tenaient garnison et les marchands turcs monopolisaient le commerce. La plupart des descendants des anciens seigneurs étaient devenus musulmans. Ainsi le peuple vivait-il dans l’isolement. Seuls quelques couvents fortifiés et jouissant de privilèges consacrés par le temps maintenaient les traditions nationales, veillant sur les tombeaux des anciens rois et entretenant de rares écoles. Révoltés en 1804 contre des exactions grandissantes, les paysans serbes trouvèrent un chef en Karageorges (Georges le noir), homme brutal et sans culture, mais qui parvint à les libérer. La Russie toutefois les ayant abandonnés lorsqu’elle signa avec la Turquie le traité de Bukarest (1812), ils retombèrent sous le joug. Mais un autre chef leur vint en la personne d’un simple valet de ferme Miloch Obrénovitch dont la bravoure mêlée de finesse réussit à conquérir enfin une autonomie définitive (1814). La Croatie, la Bosnie, l’Herzégovine avaient partagé le sort de la Serbie proprement dite. Quant aux Monténégrins, ils vivaient retranchés dans leurs montagnes sous le sceptre d’un chef mi-civil, mi-religieux, Pierre ier qui les gouverna pendant un demi-siècle (1782-1830). Redouté des Turcs auxquels il avait en 1796 infligé une défaite retentissante, il sut s’entendre tour à tour avec les Russes ses coreligionnaires et avec les Français que les hasards de la guerre lui donnaient pour voisins[3].

Depuis la disparition du prince de Valachie, Michel le Brave, qui un moment au début du xviie siècle avait réalisé l’unité roumaine, les deux principautés (Valachie et Moldavie) avaient été gouvernées au nom du sultan par des « hospodars » qui tenaient à Jassy et à Bukarest des cours luxueuses et bigarrées où l’on ne parlait guère que grec et français. Le roumain, d’ailleurs, écrit le plus souvent en caractères slaves, n’accusait guère sa filiation latine. Les paysans opprimés et exploités végétaient tristement. Point de protecteurs. Les Russes qui occupèrent le pays de 1806 à 1812 n’y laissèrent que de fâcheux souvenirs et en partant, ils annexèrent la Bessarabie. Déjà en 1775 l’Autriche s’était fait donner la Bukovine. La patrie roumaine continuait pourtant de vivre au fond des âmes et ses enfants espéraient contre toute espérance. Les Bulgares enfin plus proches du pouvoir oppresseur et moins accentués comme nationalité avaient vécu les quatre derniers siècles dans une sorte de somnolence mais parmi eux les signes précurseurs du réveil prochain s’accusaient.

Tous ces peuples se trouvaient plus ou moins concentrés géographiquement. Rien de pareil pour les Hellènes. Ils étaient répandus sur tous les rivages, très vulnérables par conséquent mais insaisissables en même temps. La Grèce continentale avait infiniment souffert. À travers la Morée se remarquaient encore près des ruines des villages incendiés des monceaux d’ossements. Dans les montagnes erraient des bandes de « Klephtes », brigands romantiques qui se piquaient de belles manières et continuaient d’honorer l’hellénisme et de faire revivre les traditions homériques. C’est dans l’archipel que l’activité nationale s’affirmait. Vers le milieu du xviiie siècle, la marine grecque avait repris vigueur. Débuts modestes. Dans de petites îles, Hydra, Psara… qui jouissaient d’une liberté relative, des armateurs s’étaient équipés. La concurrence vénitienne avait cessé et les guerres européennes allaient laisser pratiquement le champ libre en Méditerranée orientale. En 1813, les Hellènes se trouvèrent posséder six cent quinze vaisseaux armés de cinq mille huit cents canons car, à cause des corsaires, tout navire de commerce en ce temps là était exposé à devoir livrer bataille. Cette flotte servait à transporter des idées et des mots d’ordre autant que des marchandises. À la société des « Philomuses » de façade littéraire s’ajouta bientôt l’« Hétairie », vaste organisation secrète qui tissa à travers le monde grec si divers une immense toile d’araignée aux fils invisibles. Déjà en 1797, un thessalien, Rhigas, avait entrepris quelque chose d’analogue. Mais les temps n’étaient point révolus et Rhigas avait payé de sa vie un effort prématuré. Cette fois-ci, des couvents retranchés dans la montagne aux pauvres sanctuaires où d’humbles popes entretenaient le feu sacré, des riches colonies grecques d’Odessa, d’Ancône, de Livourne, de Marseille, de Paris, de Pétersbourg aux cavernes où les Klephtes cachaient leurs trésors, les dons affluèrent et la même ambition s’exprima. À ce peuple auréolé par les reflets d’un si grand passé, la liberté de vivre ne suffisait pas. Il fallait un avenir digne de ce passé.

Le 24 mai 1821, la Grèce nouvelle cueillait à Valtetzi ses premiers lauriers et peu après, Colocotronis s’emparait de Tripolitza. Le 1er janvier 1822, une assemblée nationale réunie à Épidaure adopta une constitution et fit appel à l’Europe. Les Turcs affolés répondirent par d’odieux massacres. Ils mirent à mort le patriarche[4], un grand nombre d’évêques et des milliers de chrétiens. Dans les îles, à Patras, en maints endroits le sang coula à flots. L’Europe officielle ne s’émut point. Les Autrichiens ravitaillaient les Turcs ; le « lord commissaire des Sept îles »[5] persécuta les Ioniens qui se déclaraient pour leurs frères hellènes. En France, M. de Villèle demandait, à propos de la Grèce révoltée « quel grand intérêt on pouvait prendre à cette localité ». Quant au tsar Alexandre, il avait d’abord encouragé le mouvement dont les dirigeants, Ypsilanti, Capo d’Istria… étaient à son service et dont le siège social était à Odessa avant d’être, dès 1818, audacieusement transporté à Constantinople ; mais la constitution d’Épidaure, trop démocratique l’en avait détaché. Il en était pour lui des Hellènes comme des Roumains. Il les voulait bien tenir sous son protectorat mais non point aider à leur complète émancipation.

Cependant dans le monde entier, émus par les faits d’héroïsme dont l’écho leur parvenait, les « philhellènes » se groupaient. Des volontaires accouraient : Byron, Fabvier, Santa Rosa… ; Eynard à Genève, Owe à Boston recueillaient de l’argent, aidaient par tous les moyens. Le président des États-Unis, Monroe fit scandale en énonçant dans son message de 1823, « la très forte conviction que la Grèce deviendrait de nouveau une nation indépendante ». Encore fallait-il qu’on lui vint en aide car l’empire ottoman aux abois se décidait à réclamer le secours de Mehemet Ali. Le sultan le détestait, ce vassal hautain qui n’était même point de sa race, mais comment se passer de lui ? Mehemet faisait payer cher à son suzerain les services rendus. On avait dû lui concéder l’administration de la Crète et de Chypre qu’il venait de reprendre. Pour reconquérir la Morée, il stipula que son fils Ibrahim en aurait le gouvernement ; moyennant quoi, il consentit à envoyer une flotte considérable avec des troupes de débarquement.

Il y avait quatre ans déjà que la lutte se poursuivait. L’entrée en scène d’Ibrahim marquait un tournant décisif. « Les Hellènes reculèrent pied à pied, livrant un à un leurs champs dévastés, une à une leurs maisons détruites, continuant d’en appeler à l’Europe d’une voix de plus en plus pressante, de plus en plus mourante aussi ». Au dehors, l’opinion s’indignait contre les gouvernements. L’Autriche persistait à traiter les Hellènes de « sujets insurgés » de leur « légitime » souverain, le sultan. Mais à Petersbourg, où Nicolas ier venait de succéder à son frère Alexandre, une politique plus virile tendait à se dessiner. L’Angleterre ne voulant pas laisser à la Russie le bénéfice de l’intervention changea d’attitude. Le 6 juillet 1827 une convention fut signée entre la Russie, l’Angleterre et la France, convention d’esprit si timide qu’avec un peu d’habileté le sultan en eût émoussé la pointe. Mais il se fâcha et provoqua en quelque sorte non seulement la bataille de Navarin où furent anéanties par les alliés les forces navales turco-égyptiennes, mais l’attaque directe des armées russes qui suivit. Finalement le traité d’Andrinople (1829) mit fin aux hostilités et le 3 février 1830, l’indépendance de la Grèce était formellement reconnue.

« L’exclusion de la Crète estropie l’État grec physiquement et moralement ; elle le rend faible et l’appauvrit ». Ainsi s’exprimait le prince Léopold de Saxe Cobourg en refusant le trône auquel fut appelé à sa place le prince Othon de Bavière. Cette critique résume en quelques mots toute la question grecque : l’égoïsme jaloux des puissances qui, après avoir laissé se poursuivre pendant des années une guerre inique, y mirent fin en créant un État trop petit pour vivre — la volonté tenace et indomptable du peuple hellène qui sut néanmoins faire de cette émancipation incomplète et injuste le point de départ d’une renaissance totale. Presque un siècle devait s’écouler pour la Grèce ressuscitée avant que ces conditions d’existence se modifiassent. En vain les Crétois s’insurgèrent-ils à maintes reprises pour obtenir le retour à la mère-patrie. L’Europe terrorisée par la crainte d’avoir à régler la succession de « l’homme malade » (comme on appelait dès lors l’empire ottoman) ne songea qu’à comprimer les plus légitimes aspirations helléniques. Lorsque le Congrès de Berlin, en 1881, eut enfin sanctionné l’abandon à la Grèce de la Thessalie et d’une moitié de l’Épire, l’obstination turque s’exerça si bien que la décision du tribunal européen ne fut pas exécutée ; de guerre lasse, on dut se contenter à Athènes d’une insignifiante rectification de frontières.

Les institutions politiques subirent le contre-coup de cette situation. Le roi Othon n’ayant point réussi, le prince Georges de Danemark avait été appelé au trône (1863). Sous son règne de plus de quarante cinq ans, le petit royaume accomplit des prodiges d’équilibre et maîtrisa en quelque sorte le destin. Comment la Grèce ayant presque réalisé son unité fut une des principales victimes de la guerre de 1914-1918, l’heure n’est point venue de le raconter. Il suffit de constater que la nation s’est en moins d’un siècle reconstituée avec toutes ses caractéristiques ethniques par un travail en quelque sorte naturel, des plus instructifs à suivre. La façon dont le principe de vie s’était conservé en apparence inerte, puis, ranimé, a repris son activité, se répandant peu à peu dans tout l’organisme, constitue la leçon de choses la plus suggestive que le monde ait reçue. La conception des lois biologiques auxquelles obéissent les collectivités s’en est trouvée modifiée et les conséquences d’un tel fait se révèlent aussi grandes au point de vue de la spéculation philosophique qu’au point de vue de la politique pratique.





  1. La Belgique avait été réunie à la Hollande sous le sceptre du prince d’Orange qui prit le titre du roi des Pays-Bas. La Lombardie et la Vénétie étaient attribuées à l’Autriche. La Prusse eût voulu annexer les états du roi de Saxe, allié fidèle de Napoléon et la Russie s’emparer du grand duché de Varsovie que l’empereur des Français avait établi comme embryon d’une nouvelle Pologne. C’est en suscitant l’hostilité anglaise et autrichienne contre ces ambitions que Talleyrand parvint à Vienne à disjoindre la coalition formée contre la France. Quant aux limites territoriales de la France, elles étaient ramenés à l’état de choses existant en 1792.
  2. Mehemet était albanais et avait débuté comme marchand de tabac. De même son voisin Ahmed, pacha de Syrie était un ancien portefaix, bosniaque de naissance. Ces aventuriers d’origine chrétienne prenaient peu à peu dans l’empire turc dégénéré les premières places.
  3. En attribuant en 1797, Venise à l’Autriche, Bonaparte lui avait aussi cédé la Dalmatie, mais dès 1806, cette province côtière avait été reprise par la France. La petite république de Raguse demeurée libre jusque là avait été supprimée et bientôt toute l’Illyrie avait passé sous la domination française laquelle se perpétua en ces parages jusqu’en 1813.
  4. Le Patriarche grec de Constantinople, sans que sa situation soit clairement définie par rapport aux églises nationales, était le chef de la foi orthodoxe et son représentant suprême.
  5. Les sept îles Ioniennes avaient été en 1797 occupées par Bonaparte qui les considérait comme « plus intéressantes que toute l’Italie ensemble ». Par la suite ces îles furent constituées en une république dont la Turquie n’exerçait que le protectorat nominal. Au congrès de Vienne l’Angleterre, malgré la Russie se fit transférer le protectorat qu’elle détint jusqu’en 1863 à l’avènement du roi Georges de Grèce.