Imprimerie l’Union (p. 8-9).


LA DISTINCTION


Soyez distingués ! « Soyons distingués, » disait le Bon Père de Ravignan, à son frère, quand ils allaient dans le monde. Soyez distingués !… Rien de vulgaire chez vous, dans vos manières, vos gestes, votre attitude ! Soyez distingués !… Soyez fiers de votre dignité de chrétien, de citoyen honnête. Noblesse oblige ! Conformez-y votre conduite !

Se distinguer ne veut pas dire se singulariser. La distinction n’a rien de commun avec l’orgueil, la fatuité, le pédantisme et la prétention. Au contraire, elle est pleine d’humilité vraie de simplicité charmante. Ennemie du faste et de l’apparat, elle consiste bien plus à passer inaperçu qu’à attirer l’attention.

La distinction réside dans les belles manières dont la toute-puissance est souveraine. Elle se révèle dans l’ensemble des petits détails. On a dit ; « À la manière qu’un individu mange un œuf à la coque, on peut juger à quelle classe de la société il appartient ; » c’est dire que la manière dont on fait les plus petites choses, donne la note de l’éducation. Plus l’éducation est soignée, plus ses manifestations sont exquises et douces.

Une personne distinguée observe mieux que toute autre les lois et les exigences de la politesse. Elle a de bonnes manières, des procédés délicats, des attentions prévenantes. Elle s’applique à ne gêner personne. Elle a une réserve pleine de dignité, qui lui fait choisir ses relations avec soin. « Ami de tout le monde, familier de personne », dit le proverbe. Une réserve digne, qui impose respect et confiance ; réserve digne, sans froideur ni affectation belle aisance de manières et de maintien.