Poisson (Arago)
Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences2 (p. 648-649).
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MOUVEMENT DE LA LUNE AUTOUR DE LA TERRE.


Si, au lieu d’une biographie, j’avais à écrire un panégyrique, je ne parlerais peut-être pas d’un Mémoire de Poisson, lu dans une de nos séances le 17 juin 1833 et intitulé : Sur le mouvement de la lune autour de la terre. Ce Mémoire prouve, en effet, qu’un mathématicien quelque habile qu’il soit paie tôt ou tard son tribut à l’humaine faiblesse ; cette réflexion, dont je pourrais faire l’application à Euler, à Clairaut, à d’Alembert, à Lagrange, à Laplace, ne fera donc aucun tort à la haute réputation de Poisson. Voici, au surplus, en quoi consiste l’inexactitude que j’ai à signaler.

À la date de 1833, il n’y avait, dans le mouvement de la lune, qu’une seule inégalité dont l’attraction universelle ne rendît aucun compte : cette inégalité à longue période affectait le moyen mouvement. Poisson ayant cherché si, dans le développement de la fonction perturbatrice, il y avait quelque terme dépendant de l’action du soleil ou des planètes qui pût expliquer l’inégalité révélée par les observations, se prononça pour l’affirmative ; sa conclusion est catégorique : « Aucune inégalité à longue période, dit-il, ne doit être admise dans les tables du mouvement de la lune, fondées sur la théorie. »

Cette conclusion vient d’être contredite par M. Hansen, directeur de l’observatoire de Gotha ; un examen minutieux lui a fait découvrir des perturbations dont les coefficients sont assez considérables, et qui représentent d’une manière satisfaisante les inégalités séculaires révélées par les observations.

Au reste, les considérations sur lesquelles Poisson se fonde, dans le Mémoire du 17 juin 1833, pour simplifier la théorie analytique du mouvement de la lune, données par MM. Plana et Carlini, conservent toutes leurs valeurs, malgré l’erreur que M. Hansen a signalée et qui mérite la plus sérieuse attention des géomètres et des astronomes.