Poire Beurré Dumont

La poire Beurré Dumont.

S’il me fallait choisir parmi les fruits gagnés dans le Tournaisis, celui qui, par ses qualités, mérite d’être cité comme le meilleur, je n’hésiterais pas à désigner le Beurré Dumont. Cette affirmation sera peut être trouvée trop absolue et fort hasardée ; mais l’opinion que j’exprime aussi nettement et que je maintiens est basée sur une conviction profonde, formée par des comparaisons nombreuses et un ensemble de faits puisés dans le domaine de la pomologie.

Le Beurré Dumont n’est pas un inconnu ; il est cultivé, non seulement dans les environs de Tournai, mais encore dans tout le reste du pays ; il est renseigné dans tous les bons catalogues de France et de Belgique, et dans tous il est cité comme fruit de première qualité. Si j’invoque le témoignage des pomologues les

plus érudits, je vois mon fruit de prédilection en grand honneur

Beurré Dumont

dans leurs écrits : M.  André Leroy, dans son Dictionnaire de Pomologie, le qualifie de délicieux ; M.  Alexandre Bivort, dans les ""Annales de Pomologie"", le déclare une belle et excellente poire, et l’auteur de la ""Pomone Tournaisienne"", M.  B. C. Du Mortier, le recommande comme un fruit hors ligne ; il le fait figurer le septième dans sa liste des 12 types de perfection, en mentionnant que le Beurré Dumont est à ses yeux la plus parfaite des poires. Si l’on consulte les bons amateurs de nos environs, ils répondront tous qu’il font grand cas du Beurré Dumont et plusieurs ajouteront avec moi qu’il est le meilleur des fruits couronnés à Tournai.

Ce beau et bon fruit a été obtenu en 1831 par M.  Joseph Dumont, jardinier chez M.  le baron de Joigny, à Esquelmes, petite commune de l’arrondissement de Tournai, située entre Ramegnies-Chin et Pecq. Il fut présenté sous le nom de Beurré Dumont au jury pomologique de la Société royale d’Horticulture de Tournai en 1833 et une médaille d’argent lui fut décernée. Le Beurré Dumont se répandit assez rapidement, sa réputation grandit et en 1862 le jury pomologique voulut examiner de nouveau ce fruit dont le mérite était aussi généralement reconnu. Dans sa séance du 17 novembre, une nouvelle étude sérieuse et sévère, comme le sont toutes celles du jury pomologique tournaisien, fit prendre la décision suivante que nous copions dans le registre des procès verbaux : « Le jury voulant constater le mérite hors ligne de la poire gagnée par M.  Dumont, jardinier à Esquelmes, et déjà couronné d’une médaille d’argent par la Société, décerne à l’unanimité une médaille de vermeil à la poire nommée Beurré Dumont. »

Cet excellent fruit est également remarquable par sa beauté, il est gros, parfois très gros, de forme ovale, tronqué au sommet et à peine rentrant à la base, il est souvent presque cylindrique.

Pédoncule gros, court, très charnu à la base, inséré obliquement et presque toujours un peu plus sur le côté.

Peau jaune roussâtre, ponctuée et marbrée de fauve, parfois presque entièrement lavée de roux du côté du soleil.

Chair très fine, fondante, beurrée ; son eau est abondante, sucrée, légèrement aromatisée, d’un parfum des plus agréables.

Sa maturité a lieu fin octobre et se prolonge jusqu’au commencement du mois de décembre.

L’arbre est de moyenne vigueur, à rameaux étalés, dressés ; scions allongés, assez minces, épineux à la base, marron clair. Bourgeons ovales, obtus, affleurant le scion.

Les feuilles sont assez grandes, ovales-oblongues, aplaties, à peine dentées, pétiole moyen.

Cet arbre se prête à toutes les formes, il est facile à conduire, il est fertile et doit de préférence être greffé sur coignassier ; il convient parfaitement pour la pyramide et l’espalier. C’est sous cette dernière forme et à l’exposition du midi que l’on en obtient les plus beaux fruits.

Alfred Allard.