Poire Beurré Capiaumont


Beurré Capiaumont

Nouvelle Pomologie Belge.
La poire Beurré Capiaumont.

La Poire Beurré Capiaumont n’est pas une nouveauté. Si nous la préconisons, si nous avons cru devoir la faire entrer dans la Nouvelle Pomologie belge, c’est qu’à notre avis elle n’est pas assez connue, notamment dans nos Flandres, où elle réussit particulièrement et où son fruit acquiert les qualités d’un excellent fruit de table. Une autre considération nous a guidé, nous devons le dire ; le Beurré Capiaumont n’a pas trouvé place dans les Annales de Pomologie belge, publiées naguère par MM.  Bivort et Royer, et nous avons cru de notre devoir de combler cette lacune.

Originaire du Hainaut, où elle a été gagnée vers la fin du siècle dernier, cette variété y est aujourd’hui très répandue. De même que la poire Marie Louise, on la rencontre dans tous les vergers. La prédilection des cultivateurs se justifie ici par la fécondité extraordinaire de l’arbre, due, croyons-nous, à ce que ses fleurs résistent mieux que d’autres à l’action des gelées tardives.

Voici ce que dit à propos du Beurré Capiaumont un écrivain montois très estimé, M.  De Puydt, dans sa brochure sur Les Poires de Mons, et nous n’avons rien à ajouter à son appréciation :

« Aucun poirier n’a sa fécondité, et il n’est point de cultivateur qui n’ait vu ses grosses branches, voire même l’arbre entier, casser, si l’on n’y prenait garde, sous le poids de ses fruits. J’ai compté bien des années mauvaises où, presque toutes les poires étant manquées, la Capiaumont remplissait seule les fruitiers. Excellente en compote et pour tous les usages de l’office, c’est encore un de nos très bons fruits de dessert. Mais si elle est d’une culture on ne peut plus facile, venant parfaitement en plein vent et à toute exposition, ce n’est cependant qu’en terrain sec et chaud qu’elle devient tout à fait fondante, parfumée et d’assez bonne garde, au moins jusqu’en décembre. En sol froid et fort, au contraire, elle reste demi cassante, médiocrement savoureuse et blettit avant même de mûrir. Diversement appréciée, pour ce motif, cette précieuse poire ne peut que gagner à être mieux connue. »

Les pomologues allemands considèrent avec raison la P. Capiaumont comme un des meilleurs fruits introduits depuis une cinquantaine d’années dam leur pays, où il se trouve déjà largement répandu. On l’y rencontre parfois dans les pépinières sous le nom de la Chartreuse (Kartheuserin). Un synonyme renseigné par le Congrès pomologique de France est le nom de Beurré de la Glacière.

Cet arbre a été obtenu à Mons par M.  Capiaumont, pharmacien, et il a porté fruit pour la première fois en 1787. En France, on lui donne parfois, paraît-il, par erreur le nom de Beurré Aurore, sans doute à cause de la couleur vive qu’il prend lorsqu’il est bien exposé au soleil. De Bavay croyait pouvoir distinguer ici deux fruits différents : son Beurré Capiaumont n’est pas le nôtre. Nous avons rencontré dans le Hainaut, sous le nom d’Épine de Capiaumont, une poire à peau verte et qui a quelque analogie dans sa forme avec la P. Napoléon. C’est là peut-être le Beurré Capiaumont de De Bavay.

Voici la description du nôtre :

Fruit moyen, régulier, de forme ovoïde, jaune blême ocré, à moitié lisse et à moitié recouvert de roux fin, très finement pointillé de roux.

Œil grand, ouvert, à divisions brunes, à demi desséchées.

Queue demi charnue ou ligneuse de même couleur que la peau, implantée un peu sur le côté de l’axe.

Chair blanche, mi fine, juteuse, fondante, sucrée, agréablement acidulée. La maturité a lieu en octobre.

En espalier le fruit devient un peu plus gros que les spécimens figurés par notre planche et qui proviennent d’un arbre de plein vent.

Dans notre opinion, c’est une variété à recommander spécialement pour la grande culture. C’est tout à la fois un fruit à couteau et un fruit à cuire. M.  de Mortillet dit qu’il ne connaît aucune autre poire qui puisse être comparée à celle-ci comme fruit à compote. L’arbre convient à la forme en pyramide, en fuseau, mais surtout en plein vent. Il réussit également en espalier au nord des murs.

Le Beurré Capiaumont ne vient pas bien sur Cognassier, quand il s’agit de grandes formes. C’est une conséquence de son extrême fertilité. Celle-ci est cause en effet que les arbres s’épuisent promptement. Même sur franc ceux-ci n’atteignent pas de fortes dimensions, leur production continue mettant obstacle à leur développement. Voilà pourquoi, dans les vergers, on fera bien de le greffer sur des sauvageons vigoureux et déjà forts.