Poétique nouvelleAlphonse Lemerre, éditeur4 (p. 297-298).


NOTE


Faut-il ajouter une note à cet Essai ?

L’Art poétique d’Horace, si élégant, et celui de Boileau, plus méthodique (en apparence du moins, mais d’un plan général et de divisions tout arbitraires), ne sauraient être recommencés : ils ont établi la rhétorique de la poésie. Pour sa philosophie, ils l’ont négligée. Esprits fermes, ils ont voulu avec raison (leur travail était assez grand) se renfermer dans la partie technique. Ainsi l’origine et la mission de la poésie, la nature, l’àme en elle-même (sauf quelques traits excellents d’observation morale). Dieu enfin, sont presque absents de leur livre.

C’est par le sentiment de ces lacunes, non dans l’œuvre des différents artistes, mais dans la théorie, que fut écrit, après d’autres tentatives, le poème de l’Invention par André Chénier, et que de nos jours ont paru les délicates Épîtres de M.  Sainte-Beuve.

Après la poétique des règles, il restait donc à faire une autre poétique.

Fondée sur les principes des choses, sur le triple domaine de l’inspiration, cette Poètique nouvelle cherche les sources mêmes de l’art, naturelles, humaines et divines, lesquelles ne sont autres que celles de la vie. Traité de poésie, elle arrive ainsi, sans efforts, à être un résumé philosophique. Ce qui fait l’homme complet fait le poète, et réciproquement.

Cette vue qui indique les études nécessaires à tout vrai servant de l’art, et signale son importance, suffirait pour justifier notre entreprise.


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