Poésies inédites (Marceline Desbordes-Valmore)/Selon Dieu

Pour les autres éditions de ce texte, voir Selon Dieu.

Poésies inédites, Texte établi par Gustave RevilliodJules Fick (p. 156-157).


SELON DIEU.


Mère, un cheval est à la porte :
Il demande la charité.
— Vite, du foin, qu’on le lui porte ;
Il en sera réconforté.
Cheval, dis à Dieu, notre maître,
Qu’avec joie et sans te connaître,
Et nourris de sa charité,
Nous t’avons bien réconforté.

Mère, un ramier est à la porte :
Il demande la charité.
— J’ai là du bled, qu’on le lui porte ;
Il en sera réconforté.
Ramier, dis à Dieu, notre maître,
Qu’avec joie et sans le connaître,
Et nourris de sa charité,
Nous t’avons bien réconforté.

Mère, un enfant est à la porte :
Il demande la charité.

— Tout notre lait, qu’on le lui porte :
Il en sera réconforté.
Enfant, dis à Dieu, notre maître,
Qu’avec joie et sans te connaître,
Et nourris de sa charité,
Nous t’avons bien réconforté.

Mère, un vieillard est à la porte :
Il demande la charité.
— Du vin, du vin, qu’on le lui porte ;
Il en sera réconforté.
Vieillard, dis à Dieu, notre maître,
Qu’avec joie et sans te connaître,
Et nourris de sa charité,
Nous t’avons bien réconforté.

Mère, un coupable est à la porte :
Il demande la charité.
— Ce manteau blanc, qu’on le lui porte ;
Nous l’aurons réhabilité.
Ami, dis à Dieu, notre maître,
Qu’avec joie et sans te connaître,
Et brûlants de sa charité,
Nous t’avons réhabilité.