Poésies inédites (Marceline Desbordes-Valmore)/La Jeune Pensionnaire

Pour les autres éditions de ce texte, voir La jeune pensionnaire.

Poésies inédites, Texte établi par Gustave RevilliodJules Fick (p. 183-185).


LA JEUNE PENSIONNAIRE.


Ah ! je suis inconsolable
D’avoir perdu mon ruban !
Ma chère, il était semblable
Aux rouleaux de mon volant.
Celui-ci, bien qu’adorable,
Regarde, est d’un autre blanc !…

On a bien raison de dire :
« Les chagrins sont près de nous. »
Pas un cœur qui ne soupire
Du sort méchant et jaloux.
Tu ris… Ne me fais pas rire !
Pourtant, ce serait bien doux !

Mais je suis inconsolable
D’avoir perdu mon ruban !
Ma chère, il était semblable
Aux rouleaux de mon volant.

Celui-ci, bien qu’adorable,
Regarde, est d’un autre blanc.

Mise hier comme une fée,
Au bras de mon frère Henri,
D’un coup de vent décoiffée,
J’entre, et chacun pousse un cri.
J’étais toute ébouriffée :
Juge si nous avons ri !

Mais je suis inconsolable
D’avoir perdu mon ruban !
Ma chère, il était semblable
Aux rouleaux de mon volant.
Celui-ci, bien qu’adorable,
Regarde, est d’un autre blanc !

La joie est dans notre école,
Mais toujours le bonheur ment !
Tiens, c’est un oiseau qui vole !
Moi, j’irai Dieu sait comment…
Que ne suis-je un peu frivole
Au moins pour danser gaiement.


Mais je suis inconsolable
D’avoir perdu mon ruban ;
Ma chère, il était semblable
Aux rouleaux de mon volant.
Celui-ci, bien qu’adorable,
Regarde, est d’un autre blanc.

Si j’étais moins désolée
Nous redirions notre pas…
Pourtant, avant l’assemblée,
Chantons et valsons tout bas.
Suis-moi ! je suis envolée !
C’est enchanteur, n’est ce pas !…

Mais je suis inconsolable
D’avoir perdu mon ruban ;
Ma chère, il était semblable
Aux rouleaux de mon volant.
Celui-ci, bien qu’adorable,
Regarde, est d’un autre blanc !


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