Poésies de Th. Gautier qui ne figureront pas dans ses œuvres/Singularités/Mon Aldegonde et ma Rodogune

MON ALDEGONDE ET MA RODOGUNE
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AIR : Valse du pas styrien.

Mon Aldegonde,
Ma blonde,
Doit plaire à tout le monde :
Jeunesse,
Fraîcheur et gentillesse,
Sagesse,
Enfin, hors la richesse,
Voilà,
Elle a
Tout cela.
Danseuse
Joyeuse,
Valseuse
Rieuse.
Elle n’est heureuse
Qu’au son
Du piston.
Il faut la voir quand la valse commence,
Elle s’élance
Et se balance :
Car en hiver, aux jours gras, l’innocence

Va, par hasard,
Au bal Musard.
Mon Aldegonde, aux yeux provoquants,
Se permet des mots piquants :
Mais ses ragots, ses cancans,
S’ils sont parfois inconséquents,
Ne sont jamais choquants…
Ferme comme un roc,
Son cœur ne craint aucun choc,
Tout en lisant Plick et Plock,

Et les œuvres de Paul de Kock.

(Parlé.) Numéro deux !

Ma Rodogune,

Ma brune,
Pâle comme la lune,
Soupire
Et pour moi seul respire,
N’aspire,
Soumise à mon empire,
Qu’au cœur
De son doux vainqueur.
Son âme
De femme
Réclame
Ma flamme.
Infâme
Bigame,
J’ai des feux
Pour deux !
Simple lingère, à son cœur romantique
Antipathique
Est la boutique :

Dans ses douleurs,
Elle offre à la pratique
Plus d’un mouchoir trempé de pleurs.
Ce qu’il lui faut, c’est la paix des champs,
L’aspect des soleils couchants,
Des rossignols les doux chants,
Toujours si purs et si touchants ;
Oui, voilà ses penchants…
Un roc escarpé,
Le gazon pour canapé,
Du laitage à son soupé…
Avec du champagne frappé !

Dans cette affaire,
Que faire ?
Laquelle je préfère ?…
Que j’aime
Cet embarras extrême !
Et même,
S’il faut une troisième,
Le choix
Vaudra mieux à trois.


Dans les Économies de Cabochard, vaudeville en un acte, par MM. Dumanoir et Paul Siraudin, représenté pour la première fois à Paris, sur le théâtre du Palais Royal, le 17 juin 1841.

Les jours où M. Siraudin exulte comme confiseur, il s’achève en se persuadant qu’il est l’auteur de ce chef-d’œuvre.