Poésies de Frédéric Monneron/Fragments d’un poème sur Davel

FRAGMENTS.

I

DAVEL8.


fragments.




I

Le soldat vaudois.



 
Sur d’humbles escabeaux, à l’angle d’un vieil âtre,
Où tremblait dans la cendre une flamme bleuâtre,
Deux soldats devisaient, l’un près de l’autre assis.
De leur lampe mourante un reflet indécis
Projetait sur le mur des ombres fantastiques.
À la porte, jasaient les vents mélancoliques.
— « Eh bien ! dit l’un, puisant le feu de son regard,

Dans le vieux gobelet que dorait le nectar,
« En dépit des Deux-Cents 9, dont la bouche sévère
» Maudit l’aridité de notre pauvre terre,
» Voyez, major Davel, quelle pure liqueur !
» Le fumet en est doux et retrempe le cœur. »
À ces mots, le soldat, tout fier de sa bravade,
Du doigt, en souriant, lui montrait la rasade.
— « Oh oui ! reprit Davel, l’éclat en est vermeil !
» Buvons-le, sans porter la santé du Conseil,
» Car je suis las, ami, de traîner cette chaîne,
» Et Davel aujourd’hui la briserait sans peine.
» Faudra-t-il donc toujours, qu’au prix de ses sueurs,
» Le Vaudois paie un joug et d’injustes seigneurs ?
» Non, non, il n’est pas loin, le jour de délivrance ;
» Dis-moi, comme Davel, en as-tu l’espérance ?
» Parle, car je crains bien que plus d’un bon Vaudois
» N’adore encor sa chaîne et les seigneurs bernois. »
— « Prenez garde, major, car les vents ont des ailes,
» Et peut-être sont-ils des messages fidèles.
» D’ici jusqu’au Conseil, il est court le trajet ;
» Croyez-moi, discourons sur un autre sujet.
» Aussi bien, nos seigneurs sont de haute naissance,
» Et nous leur devons tous entière obéissance. »
Puis le soldat vaudois, à demi souriant,
Et reprenant sa pipe en homme insouciant,
Sous l’acier du briquet fit jaillir l’étincelle,

Se berçant doucement sur sa vieille escabelle.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Mais Davel frémissant levait ses grands yeux bleus
Vers les sombres vitraux, où l’étoile des cieux
Peignait son œil d’argent. Il croyait, vaine attente !
De notre liberté voir l’étoile éclatante ;
Espoir bientôt déçu. Comme un nuage noir
Parfois laisse échapper sur les neiges, le soir,
Un reflet velouté de lune, en temps d’orage,
Qui brille et disparaît sous les plis du nuage.
Mais le major Davel, sur la table accoudé,
À quelque grand projet paraissant décidé,
Le poing fermé, la lèvre à demi contractée,
Couvait notre avenir dans son ame exaltée.
— « Vous me semblez, Davel, rêveur, silencieux.
» Craignez-vous pour vos ceps quelques vents orageux ?
» Le silence des nuits dans cette solitude
» Peut-être vous remplit le cœur d’inquiétude ?
» Mais demain nos amis fêtent mon nouveau-né ;
» À mon banquet Davel sera plus fortuné.
— « Non, non, je dois partir, il ne faut plus m’attendre.
— « En vérité, major, je ne puis vous comprendre !
— « J’ai reçu du Conseil quelques ordres secrets ;
» Demain, reprit Davel, mes soldats seront prêts.
— « Sonne-t-on sur le Rhin la cloche des alarmes ?
» Les hommes de Glaris ont-ils repris leurs armes ? »

Demanda le soldat. — « Mets ta main sur mon cœur,
Lui répondit Davel, qui paraissait rêveur ;
» Je sens par intervalle y battre quelque chose ;
» Nous combattrons, je crois, pour une bonne cause. »
Pourtant du clocher noir le sommet blanchissait ;
Par delà les peupliers que la brise froissait,
La lune se penchait sur les lointains rivages,
Argentant tour-à-tour les caps et les villages,
Des lambeaux de vieux murs, quelques sillons des eaux,
Ou les sapins épars sur les riants coteaux.
Et l’immense soupir des airs purs et tranquilles
Se mariait au bruit des hameaux et des villes :
Alors l’œil de Davel peut-être aurait cru voir
Quelque ange du Léman couvert d’un crêpe noir,
Et, sur le roc mouillé par la vague plaintive,
Au milieu des roseaux qui tremblent sur la rive
S’asseyant pour pleurer. Mais Davel est parti ;
Son camarade est seul, vers son foyer blotti,
Comme le paysan l’est parfois au village,
D’un œil tranquille et lent observant le nuage
Qui monte de sa pipe et roule en se berçant.




II

Le Conseil.



Le froid soleil de mars allait en s’abaissant,
Sur les coteaux neigeux où Lausanne s’élève…
La baïonnette au loin scintillait sur la grève ;
C’était encor Davel qu’entouraient ses soldats.
Davel, fais tes adieux ! tu ne reviendras pas !
Tu souris dans l’espoir de ton indépendance ;
Mais la mort prend souvent pour signal l’espérance.
… Aux portes des hameaux tous accouraient pour voir :
Blonds enfants, jeune fille avec son corset noir.
Cependant les soldats montaient tous la colline.
Ils regardaient briller dans leur joie enfantine
Le mors de leurs chevaux, leur panache empourpré,
Le cuivre de leur casque, ou l’écusson doré,
Et leur drapeau de soie, hélas ! tout neuf encore,
Qu’aucun lambeau noirci dans ce jour ne décore !
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

Cependant le Conseil, à la hâte assemblé,
Fait paraître Davel. Davel n’est pas troublé,

Car le premier Vaudois en lui venait de naître.
Seul, joyeux, libre et fier, il ose comparaître !
« Eh bien ! demandait-on, qu’espérez-vous, Davel ?
— « La liberté, seigneurs, que nous promet le ciel !
— « Vous pensez noblement, reprirent des voix graves,
» Nous aimons parmi nous à voir des hommes braves !
» Mais ton bras n’est pas fort. Pour sonner le réveil,
» De la mort, des combats, où donc est l’appareil ?
» Penses-tu sans boulets faire tomber ta chaîne,
» Et briser des Deux-Cents la verge souveraine ?
» Tous tes brillants soldats ne sont pas valeureux,
» Malgré leur noble orgueil et leurs drapeaux soyeux.
» En face du trépas, penses-tu que leur bouche
» Puisse encor, sans trembler, déchirer la cartouche ?
» Renonce à tes projets, abats cet étendard
» Que le soleil du soir montre sur les remparts. »
— « Vos doutes, dit Davel, pour moi sont une injure,
» Car, pour la liberté, je mourrai, je le jure.
» Eh ! qu’importe le nombre et la longueur des bras !
» L’ours peut nous déchirer, mais ne nous vaincra pas.
» Dieu ne mesure point au tranchant des épées
» La justice des droits ; les nôtres sont trempées
» Dans les pleurs de l’esclave ! Il faut nous racheter ! »
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Davel parlait ainsi, plein d’un bouillant courage.

Alors, vous eussiez vu plus d’un blême visage,
Plus d’une main tremblante au gothique fauteuil…
Car l’un aimait l’argent, et l’autre son orgueil.
Lâches par habitude, et non par caractère,
Ils servaient des Bernois le despotisme austère.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

Qui sait ? Déjà Davel les changera peut-être !
Le conseil en ce jour semble tout lui promettre.
Sa voix semble répondre au cri de liberté :
Ô mon pays ! bientôt tu seras racheté !
Alors, que ton Léman sera pur et limpide !
Qu’il fera beau chanter sur ton rivage humide,
À l’heure où le soleil, penché sur le Jura,
Dans les brouillards pourprés mollement flottera.
En vain dans son sommeil la nature soupire ;
Ô fraîche liberté ! tu reprendras ta lyre !
Qu’une corde en vibrant résonne sous tes doigts,
Et la terre et les cieux répondront à la fois ;
Et la vague et le chêne, et la roche brunie,
Et le vallon caché rendront leur harmonie !
Tout reprendra couleur et parfum et concert !


Mais dans cette heure, hélas ! tout est morne et désert.



La retraite a sonné !… Déjà, par intervalles,
Brillent quelques lueurs aux fenêtres des salles.
Voyez, dans le conseil, ces ombres s’allonger,
Et sur les lambris blancs sans bruit se prolonger !
Ils jurent aux Bernois entière obéissance ;
Car il n’est pas venu, le jour de délivrance.
— Dans la nuit qui s’étend au fond des corridors,
J’entends, pauvre Davel, de sinistres accords.

Ainsi, quand vient l’orage aux forêts, aux prairies,
Sont des vents et des eaux les vagues causeries ;
Ou bien, quand vient l’hiver, on entend quelquefois
Le feuillage frémir sur l’océan des bois.
Mais déjà tout s’éteint ; les fontaines des villes
Livrent aux vents le bruit de leurs ondes mobiles ;
Aux murs de la Cité le brouillard redescend.
Adieu, major Davel, plus d’un traître t’attend.

· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

Un trompeur adoptant pour mot d’ordre : patrie,
À son joyeux banquet aujourd’hui le convie.
Là, la mort remplira sa coupe en souriant.
Mais Davel est Vaudois !… il n’est pas défiant…
À la table d’un hôte il se place sans crainte ;
Davel est trop loyal pour soupçonner la feinte !


III

Le Banquet.



· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Aux jours de sa jeunesse on le vit maintes fois
Ranimer les banquets aux accents de sa voix ;
Mais, moins jeune, à la table il rêvait en silence,
À moins qu’il n’eût au cœur une ferme espérance.
Et Davel espérait. — « Oh ! le temps est venu,
» Disait-il à son hôte, où l’ours sera vaincu :
» Nous rognerons sa griffe, et, la tête enchaînée,
» Nous le ferons rôtir à notre cheminée.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
— « Bien parlé ! disait-on, riant avec malice.
» Buvez, major Davel ; nous briserons nos fers,
» Et nous nous vengerons de ces baillis si fiers.
» Dès que l’aube aura lui, Davel, je vous répète,
» Vous verrez près de vous plus d’une baïonnette.
» Notre puissant conseil secondera vos vœux ;
» On parlera de vous chez nos derniers neveux.
— Mais Davel soupirant : « Pourquoi parler de gloire ?
» Dit-il. Je ne demande à Dieu que la victoire.

» Et si, du bon combat, le prix est remporté,
» Que nos derniers neveux goûtent la liberté !
» Mais, qu’on m’oublie ! » Alors, rompant ce ton sévère,
De son hôte sans cœur Davel choqua le verre ;
Mais le cristal heurté ne put pas résonner,
Et Davel un instant se sentit frissonner.
La lumière tombait, vacillante et moins vive.
— « Au revoir, à demain ! disait chaque convive ;
» Demain, c’est un grand jour ! » · · · · · · · · · ·
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·




IV

L’armée à Lausanne.



· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
La scène a donc changé ; du banquet à la chaîne,
Du plaisir à la mort, ainsi tout nous ramène.
» Allons, se disaient-ils, fêter son beau réveil,
» Et, pour le prévenir, surprenons son sommeil. »

· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Mais Davel cependant sur sa couche sommeille,

Rêvant à son pays, aux amis de la veille.
Il croit voir ses soldats, découverts, à genoux,
Prier pour la patrie, et ce rêve était doux.
Mais prends garde, Davel, que ton cœur ne s’y fie ;
Ah ! qu’il faut retrancher aux rêves de la vie !
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Pour fêter son retour, il voyait au village
Ses nièces préparer son pain et son laitage.
Seulement, à l’écart (il ne savait pourquoi),
Tandis qu’il conversait sans trouble et sans effroi,
Isaline et Marie essuyaient quelques larmes,
Et ce songe indiscret avait pour lui des charmes.

Mais au bruit de leurs pas le guerrier s’éveilla.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

Les sylphes souriants qui sous ses yeux passaient
Dans un rayon du jour doucement s’effaçaient.
Ainsi le ver luisant qui resplendit dans l’ombre,
Aux lueurs des flambeaux se ternit, pâle et sombre.
Ainsi les doux secrets qui descendent du ciel
Sur les ailes des nuits, pour l’ame du mortel,
Se perdent au grand jour. · · · · · · · · · · · · · · ·
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

Mais Davel de son cœur bannit ces rêves d’or ;
C’est à la liberté qu’il veut songer encor.

Ses hôtes cependant environnaient sa couche,
Épiant son réveil, le sourire à la bouche.
— « Voyez, lui disaient-ils, voyez quel beau soleil
» De notre indépendance éclaire le réveil !
» À cheval ! à cheval ! » Davel, la tête nue,
Faisait signe aux soldats qui marchaient dans la rue,
Et lui-même déjà, le pied dans l’étrier,
Caressait de la main les flancs de son coursier.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

Sourde au commandement, la troupe est immobile,
Et son coursier lui-même, à sa voix indocile,
Se dresse en frémissant, car une forte main
Fait jaillir son écume en lui pressant le frein.
« Davel ! » dit un soldat, d’une voix de tonnerre,
Et, relevant sa crosse, il en frappait la terre :
« Descends de ton cheval, et ne résiste pas,
» Car vois-tu ces drapeaux qu’on arbore là-bas ! »
Trahison !… murmura Davel mélancolique.
Sur les crins du coursier se penchant, sans réplique,
Pour y cacher les pleurs qui roulaient dans ses yeux,
Davel s’achemina, grave et silencieux,
Au château baillival. Les tourelles rougeâtres
Aux toits pyramidaux flanquent les murs grisâtres ;
Là, sous l’humide voûte, un silence éternel
Se roule dans la nuit. C’est là qu’allait Davel.

À l’instant où son pied se posa sur la dalle,
Davel se ressouvint du soir où, dans la salle,
Sous un masque trompeur, son hôte s’égayait ;
Cet ami dédaigneux, Davel le revoyait :
« Eh bien ! lui cria-t-il d’une voix presque amère,
» La mort a donc rempli ta coupe hospitalière !
» Mais, va, je te pardonne et je prîrai pour toi ;
» Adieu, dans tes festins ne songe plus à moi ! »
On trahissait Davel. Un jour, ô ma patrie !
Nous te verrons rougir de cette félonie,
Lorsque la liberté, quittant l’habit de deuil,
Évoquera Davel de son triste cercueil.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·




V

La vue.



Déjà c’était le temps des sombres violettes,
Des cerisiers en fleurs. Déjà les alouettes
Jetaient au tiède azur leur fraîche voix d’amour ;
Et le vieux mendiant respirait au grand jour,

Courbé sur son bâton, vers la muraille blanche.
Partout c’était amour, chansons et gaîté franche.
Mais Davel, ce martyr de notre liberté,
Celui qu’on trahissait par hospitalité,
Que faisait-il ? Venez ; nous le verrons peut-être
Au travers des barreaux croisés sur sa fenêtre.
Je l’aperçois dans l’ombre, à genoux, et priant
Sur l’humide pavé… Son œil est doux, riant.

Il espère sans doute. Oh oui !…, sur la colline
Le soleil à ses yeux bien lentement décline ;
Et lorsque ses rayons, jouant sur ses barreaux,
Viendront dorer encor ses humides vitraux,
Il reverra le ciel… Oh oui ! Davel l’espère !
Son ame s’ouvre à Dieu, mais se ferme à la terre.


Le temps fuit, mon ami ; venez, l’air est si pur,
Humer sur le coteau la fraîcheur de l’azur !
Écoutez dans les bois les lointaines clochettes.
Voyez cet horizon aux teintes violettes,
Et vers la vieille tour penchée au bord des eaux
La voile du pêcheur tremblant dans les roseaux,
Et ces blanches maisons, dans la nuit des feuillages,
Qui se groupent le long des gracieux rivages.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

Assis sur ce banc vert qu’ombrage le platane,
Regardons à nos pieds cette antique Lausanne
Dont les murs par degrés gravissent les coteaux,
Descendent aux vallons, se plongent dans les eaux ;
Elle semble dormir sur les monts, sur les plaines,
Fière de présider aux fastueuses scènes
Des rives du Léman. — Là, succombe Davel ;
Écoutez ces clameurs qui se perdent au ciel…
Sur l’échafaud sanglant, on l’applaudit sans doute.

Voyez ce jeune enfant qui s’ébat sur la route ;
Il faut l’interroger. — « Que font-ils dans ces prés,
» Vers ces saules pleureurs par le lac effleurés ? »
— « C’est Davel, — dit l’enfant d’une voix attendrie, —
» Qu’on regarde mourir. Il fait à sa patrie
» Un triste et long adieu ! » — Mais voyez cet éclair !...

Le soleil, du bourreau faisait briller le fer !…


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·




On connaît l’histoire de Davel ; une notice serait donc superflue.

Ce morceau, daté du mois de janvier 1833, est un des premiers essais de Monneron. Il est très-inégal ; mais comme il y a pourtant beaucoup de beaux vers et de scènes pittoresquement décrites, et que le sujet intéresse tous les Vaudois, nous avons cru devoir en publier au moins quelques fragments. — Nous avons cherché à couper de manière à lui laisser son unité.


Les Deux-Cents était une espèce de Grand-Conseil ou de Conseil communal, que plusieurs villes du Pays-de-Vaud, à l’imitation des villes suisses, s’étaient donné à peu près vers l’époque de la guerre de Bourgogne. Après la conquête, Berne avait conservé cette institution.