Traduction par Charles Héguin de Guerle.
Poésies de CatullePanckoucke (p. 45-47).

XXIX.

CONTRE CÉSAR.


Quel est l’homme, si ce n’est un impudique, un dissipateur et un escroc, qui peut voir, qui peut souffrir qu’un Mamurra engloutisse tous les trésors de la Gaule Transalpine et de la Grande-Bretagne ? Ô le plus débauché des fils de Romulus ! tu le vois, tu le souffres ! tu n’es qu’un impudique, un dissipateur, un escroc. Jusques à quand, superbe et gorgé de richesses, ton favori, pareil au blanc ramier, à l’amant de Vénus, promènera-t-il de lit en lit ses feux adultères ? O le plus débauché des fils de Romulus ! tu le vois, tu le souffres ! tu n’es qu’un impudique, un dissipateur, un escroc. Héros sans pareil, n’as-tu donc pénétré jusqu’à l’île la plus lointaine de l’Occident, que pour dissiper, avec le compagnon de tes infâmes plaisirs, millions sur millions ? — Qu’est-ce ? répond ta fatale prodigalité : ses débauches ont peu coûté. — Est-ce donc peu que l’insatiable voracité de Mamurra ait englouti d’abord son patrimoine, ensuite les dépouilles du Pont ; puis celles de l’Espagne ? Le Tage aux flots d’or ne le connaît que trop ! la Gaule et la Bretagne le redoutent également ! Pourquoi favoriser un tel fléau de l’humanité ? Que veut-il de plus ? prétendil aussi dévorer le patrimoine des plus riches familles ? est-ce donc pour enrichir un Mamurra que vous avez bouleversé l’univers, héros sans pareil, et toi, gendre bien digne d’un tel beau-père ?