Poésies de Benserade/Pour Madame de Leuville

Poésies de Benserade, Texte établi par Octave UzanneLibrairie des bibliophiles (p. 80).



Pour Madame de Leuville.

SONNET.


Puisqu’il faut que je parte, il est de la justice
Que vous me traitiez bien à ce moment fatal,
Car je ne serai pas, en montant à cheval,
Un enfant qu’on apaise avec du pain d’épice.
 
Je prétens recevoir le prix de mon service,
Dussé-je être appellé mercenaire et brutal,
Au reste, si l’amour me suscite un rival,
Songez que l’inconstance est un étrange vice.
 
Je ne vous croiray pas de l’humeur de ces sottes
Qui, dès qu’un pauvre amant a pris ses grosses bottes,
Au lieu de le pleurer en méditent le troc.
 
En tout cas, je sçauray vos pleurs ou vôtre joye,
Si vous me plantez-là, si vôtre oubly m’est hoc,
Quitte pour vous payer de la même monnoye.

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