Poésies de Benserade/Pour Madame de Leuville
Pour Madame de Leuville.
SONNET.
Puisqu’il faut que je parte, il est de la | justice |
Que vous me traitiez bien à ce moment | fatal, |
Car je ne serai pas, en montant à | cheval, |
Un enfant qu’on apaise avec du pain | d’épice. |
Je prétens recevoir le prix de mon | service, |
Dussé-je être appellé mercenaire et | brutal, |
Au reste, si l’amour me suscite un | rival, |
Songez que l’inconstance est un étrange | vice. |
Je ne vous croiray pas de l’humeur de ces | sottes |
Qui, dès qu’un pauvre amant a pris ses grosses | bottes, |
Au lieu de le pleurer en méditent le | troc. |
En tout cas, je sçauray vos pleurs ou vôtre | joye, |
Si vous me plantez-là, si vôtre oubly m’est | hoc, |
Quitte pour vous payer de la même | monnoye. |
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