Poésies badines et facétieuses/Le jésuite et le tableau

LE JÉSUITE ET LE TABLEAU.


Un jésuite attentivement
Considérait une femme en peinture ;
Peinte elle était divinement,
Mais immodeste en était la posture ;
Elle était nue, et du bout de son doigt
Grattait ce que tout bon jésuite
Ne peut voir sans horreur, quand il a le cœur droit.
À cet aspect, le bon Père s’irrite,
Maudit le peintre et le pinceau
Qui fit un si vilain tableau.
« Il est vrai dit un janséniste,
Qui se trouva la par hasard, —
« Ce tableau, pieux moliniste,
« Mérite pour le moins la hart.
« Mais si cette Vénus, mon très-révérend Père,
« Tournait un peu plus le derrière,
« Et cachait son jansénius,
« Blâmeriez-vous alors le peintre et la Venus ? »