Poésies (Quarré)/Les Giroflées

Poésies d’Antoinette QuarréLamarche ; Ledoyen (p. 275-276).


À Mademoiselle Antoinette Quarré,



Aux fentes des vieux murs de nos tours crénelées,
Naguères je voyais de faibles giroflées
Plier à tous les vents qui fouettaient leurs rameaux.
« Pauvres fleurs ! pauvres fleurs à la tige si frêle,
« Résisterez-vous bien à la pluie, à la grêle ?
« Et vous verrai-je encor dorer ces noirs créneaux ? »


L’hiver enfin n’est plus, et mes fleurs bien-aimées
Redressent fièrement leurs grappes parfumées ;
Le soleil amoureux les baise au point du jour,
Et les brises, le soir, reviennent enivrées,
Bercer leurs festons verts et leurs gerbes dorées :
Pour elles aujourd’hui tout est bonheur, amour.

Ô jeune fille, en vain la tempête obstinée
Te battait, pauvre fleur au mur enracinée,
Tu subis noblement l’inclémence des airs ;
Par la nécessité vainement opprimée,
Ta lyre l’a vaincue, et mon ame charmée
Aspire avec amour le parfum de tes vers.