Poésies (Poncy)/Vol. 1/Pierre L’Hermite

PoésiesI (p. 102-103).
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PIERRE L’HERMITE



Ce n’est pas l’avocat fougeux de la Croisade,
Qui plaida des lieux saints le tragique procès.
C’est l’humble crustacé, l’hôte obscur et maussade
Des bigourneaux vacans pour cause de décès.

Dès qu’il a pu saisir cette épave, il s’accule
Dans sa spirale, et rien ne l’en peut arracher.
Il s’y défend avec sa double tentacule
Qui lui sert à la fois pour mordre et pour marcher.

Les enfants ont horreur de lui : Ceux qui l’approchent
De sa terne prison l’arrachent par lambeaux ;
Les vieux patrons pécheurs eux-mêmes lui reprochent
D’être un vil parasite, un voleur de tombeaux.


Pauvre être inoffensif ! qu’est-ce donc qu’il expie ?
Qui lui vaut ce mépris, cette haine de tous ?
Est-ce sa solitude et sa misanthropie ?
Et vous, enfants cruels, pourquoi l’écrasez-vous ?
 
Il ne mérite pas vos colères sauvages.
Dans l’ordre universel son travail est tracé.
Admirez-le plutôt, lui qui, sur vos rivages,
Fait refleurir la vie où la mort a passé.



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