Poésies de Marie de France (Roquefort)/Fable XX
Traduction par B. de Roquefort.
Poésies de Marie de France, Texte établi par B. de Roquefort, Chasseriau, , tome II (p. 126-127).
Poésies de Marie de France, Texte établi par B. de Roquefort, Chasseriau, , tome II (p. 126-127).
FABLE XX.
D’une Corneille et d’une Oeille,
alias
D’une Cornaille qui s’asist seur une Berbix[1]
Ensi avint k’une Cornaille
S’asist seur le dos d’une Oaille ;
Dou bec l’ad féri durement[2],
Sa leine li oste asprement.
La Berbiz li a dist pur-coi
Chevausche-tu einsi sor moi,
Or te remuet si feras bien ;
Siete une pièce seur ce Chien[3],
Si fai à lui si cum à mei.
Dist la Cornelle, par ma fei
Ne t’estuest pas traveillier[4]
De mei apanre n’enseignier,
Jeo suis piéça tute enssengniée[5],
Tant fu-jeo sage et bien vesiée ;
Bien sai seur cui jeo dois séoir
E à séur puiz remenoir[6].
MORALITÉ.
Pur ce nus munstre par respit[7]
Ke ce est voirs que li Sages Hum dit,
Par grant essample et par reproiche
Bien seit Chaz cui barbes il loiche[8]
Bien s’aparçoit li véziiez
Lesquiex il puet aveir souz piez.
- ↑ Phædr. append. Burm., fab. 27.
Anon. Nilant., fab 55, Ovis et Cornix.
Vincent, Bellov. - ↑ Certaine corneille se posa sur le dos d’une grasse brebis et la frappoit si fortement, qu’avec son bec elle lui enlevoit sa laine à flocons.
- ↑ Assieds-toi un moment sur ce chien.
- ↑ Ne prends souci, ne t’inquiète pas du soin,
- ↑ Il y a long-temps que j’ai fait mon éducation.
- ↑ Et en sûreté demeurer.
- ↑ Proverbe, sentence.
- ↑ Lèche.
Variantes.