Poésies de Marie de France (Roquefort)/Fable XLIX
Traduction par B. de Roquefort.
Poésies de Marie de France, Texte établi par B. de Roquefort, Chasseriau, , tome II (p. 236-237).
Poésies de Marie de France, Texte établi par B. de Roquefort, Chasseriau, , tome II (p. 236-237).
FABLE XLIX.
Dou Leu qi cuida de la Lune ce fust un Fourmaige[1].
D’un Los cunte qi une nuit[2]
Esteit alez en sun déduit ;
Lez une mare trespassa
E qant dedenz l’aigue esgarda,
L’umbre de la Lune a weu,
Mès ne sot mie ce que ce feu.
Puis s’apensa en sun curaige
Que ce esteit un grant Furmaige[3].
L’aive commenca à laper ;
Très-bien quida en sun penser,
[4],
Que le Fourmage péust penre.
Tant en a beu que il creva
Iluec chaï, puis n’en leva.
MORALITÉ.
Qant Fox espoire outre sun dreit
E outre ce qe faire deit,
D’aveir toutes ses volantez,
Si en est morz et affolez.
- ↑ La Fontaine, liv. VIII, f. 25. Les deux Chiens et l’Ane.
Lockman, fab. xxxvi.
AEsop, fab. 211. - ↑ Dans quelques manuscrits cette fable est intitulée : du Goupil.
- ↑ Un loup pendant la nuit étant sorti pour chercher sa nourriture passa près d’une mare ; regardant l’eau, il aperçut l’ombre de la lune qui s’y réfléchissoit et il la prit pour un fromage.
- ↑ Que si la quantité d’eau étoit moins considérable.
Variantes.