Poésies de Marie de France (Roquefort)/Fable LXXVI
Traduction par B. de Roquefort.
Poésies de Marie de France, Texte établi par B. de Roquefort, Chasseriau, , tome II (p. 318-319).
Poésies de Marie de France, Texte établi par B. de Roquefort, Chasseriau, , tome II (p. 318-319).
FABLE LXXVI.
Dou Senglier è de l’Asne[1].
D’un Sengler cunte k’encuntra
En une voie ù il ala
Un Asnes qi illec s’estut[2]
Merveilla sei k’il ne se mut[3]
E qu’il ne li laissa la voie
E que vers lui ne s’assouploie.
A lui se hurta malement,
Bien sai, fet-il, que jou fereie
Se mes denz aguisiez aveie.
MORALITÉ.
Par cest essanpie vus asume[4]
K’enssi est de l’orgeleux Hume ;
Il cuide bien en sun penser
Ke nus nel’ doie cuntrester ;
E tant s’afie en sa prowesce[5]
Qu’il méismes se hurte et blesce.
- ↑ Phædr., lib. i, fab. xxix. Asinus irridens Aprum.
Anon. Nilant., fab. xii.
- ↑ Qui s’arrêta aussitôt.
- ↑ Le Sanglier s’étonna fort de ce que l’Ane ne s’étoit pas dérangé, ne lui eût pas laissé entièrement le chemin et qu’il ne lui eût pas fait honnêteté.
- ↑ Je vous montre.
- ↑ Courage, force, orgueil.
Variantes.