Poésies (Desbordes-Valmore, 1822)/Le Souvenir

Théophile Grandin (p. 89).

LE SOUVENIR.

À MONSIEUR ***.

Votre main bienfaisante et sûre
A fermé plus d’une blessure.
Partout votre art consolateur
Semble porter la vie et chasser la douleur.
Hélas ! il en est une à vos secours rebelle,
Et je dois mourir avec elle.
Je n'ai pas d'autre mal ; mais il fera mon sort.
Jugez si ce mal est extrême !
Je le crois, pour votre art lui-même,
Plus invincible que la mort.
Son empire est au cœur ; ses tourmens sont à l'âme ;
Ses effet sont des pleurs ; sa cause est une flamme
Qui dévore en secret l'espoir de l'avenir ;
Et ce mal est un souvenir.