Poésies (Desbordes-Valmore, 1822)/L’Adieu

Théophile Grandin (p. 181-182).

L’ADIEU.


Adieu pour toujours,
Mes amours ;
Ne pleure pas,
Tes pleurs ont trop d’appas !
Presse encor ma main ;
Mais demain
Il aura fui,
Le bonheur d’aujourd’hui.

Quand une fleur
Va perdre sa couleur,
On n’y doit plus
De regrets superflus.
Et le flambeau,
Dont l’éclat fut si beau,
Quand il s’éteint,
Cède au froid qui l’atteint.

Adieu pour toujours,
Mes amours ;

Ne pleure pas,
Tes pleurs ont trop d’appas !
Presse encor ma main ;
Mais demain
Il aura fui,
Le bonheur d’aujourd’hui.

Ton doux regard
M’éclaira par hasard ;
Et dans mes yeux
Il répandit les cieux.
Dès ce moment
Si fatal… si charmant,
Mon cœur perdu
Ne me fut pas rendu !

Adieu pour toujours,
Mes amours ;
Ne pleure pas,
Tes pleurs ont trop d’appas !
Presse encor ma main ;
Mais demain
Il aura fui,
Le bonheur d’aujourd’hui.