Poésies (Amélie Gex)/Quand le flot soulevé par l’effort de la houle

Claude-Paul Ménard Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 119).

SONNET.



Quand le flot, soulevé par l’effort de la houle,
S’agite, gronde et va, dans ses bonds convulsifs,
Inexorablement, vers les sombres récifs
Où sa masse brisée, en gémissant, s’écroule ;

Ne vous semble-t-il pas, à vous, les cœurs pensifs,
Voir passer des mortels la blême et triste foule
Que l’âpre mort poursuit vers la tombe, et qui roule,
Pêle-mêle, étouffant ses murmures plaintifs ?…

— La tempête et la mort quelquefois font silence ! —
Sur la mer apaisée, une barque s’élance,
Joyeuse, en oubliant la colère des flots ;

Ainsi l’homme après l’homme, au banquet de la vie
Un instant vient s’asseoir, et Dieu qui le convie
Cache à l’enfant rieur nos pleurs et nos sanglots !