Poésies (Amélie Gex)/Novembre
NOVEMBRE
Flambe, flambe, ma bourrée,
Sur les noirs chenets de fer,
Lance ta flamme azurée
Du foyer joyeux éclair ;
C’est la première soirée
De l’hiver.
Brrr… ! Brrr… ! brrr !… voici la bise ;
Fermons la porte et l’auvent
Au vent ;
Laissons gémir, à leur guise,
Le lourd portail de l’église
Et le vieux coq de fer-blanc
Tremblant…
Quand la tempête
Hurle, ma foi !
C’est une fête
D’être chez soi !
Quel vacarme et quel orage !
Dehors on ne ferait pas
Trois pas ;
Pour ouïr un tel tapage,
De l’enfer l’aréopage
Doit sonner un branle-bas,
Là bas !…
Quand la tempête
Hurle, ma foi !
C’est une fête
D’être chez soi !
Sur le toit, la girouette
Grince et fait, à chaque assaut,
Un saut.
Ah ! pour sûr, dans sa chambrette,
La pauvre vieille Nanette
Ne doit pas avoir, là-haut,
Bien chaud !…
Quand la tempête,
Hurle, ma foi !
C’est une fête
D’être chez soi !
Sur la table étendez la nappe ;
Servez la viande et les choux,
Dessous.
Que le diable crie ou jappe,
On n’ouvrirait pas au pape
Quand il frapperait, chez nous,
Vingt coups !….
Quand la tempête,
Hurle, ma foi !
C’est une fête
D’être chez soi !
Flambe, flambe ma bourrée
Sur les noirs chenets de fer,
Lance ta flamme azurée
Du foyer joyeux éclair ;
C’est la première soirée
De l’hiver.