Poésies (Amélie Gex)/Chant malais

Claude-Paul Ménard Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 142-143).

CHANT MALAIS.

IMITATION.


De Mahel Malidha la noire chevelure
Est un souple manteau qui s’étend sur ses pieds ;
De Mahel-Malidha c’est la sombre parure
Que roulent, chaque jour, ses beaux doigts déliés.
Oh ! si de ses cheveux j’avais la longue tresse
J’en banderais mon arc et j’irais fièrement,
Dans son antre attaquer la sauvage tigresse,
Sans peur de son rugissement !

De Mahel-Malidha cette sombre parure
A l’enivrant parfum du suave baumier ;
On croit voir la liane en la forêt obscure
En flexibles rameaux, tomber du bananier ;
Son œil de la panthère a la douceur féline,
On ne voudrait mourir que d’un de ses regards :
Elle aspire le vent par sa souple narine
Comme font les fiers léopards.

Son œil de la panthère a la douceur féline ;
Ses lèvres du corail ont la chaude rougeur ;
Son sein rend plus ardents les rêves du Bramine ;
Sa taille a du palmier la grâce et la rondeur.
Pour sentir sur mon front son haleine de braise
Je voudrais me damner en reniant Bouddha !
Je donnerais mon kriss et ma lance malaise
Pour un soupir de Malidha !