Poésies (Amélie Gex)/Chanson

Claude-Paul Ménard Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 18-19).

CHANSON




L’ayant écoutée un jour de beau temps,
On l’entend toujours la chanson si douce,
La fraîche chanson des bois au printemps.
Gustave Mathieu.


La savez-vous cette chanson
Qui voltige autour du buisson
Quand mai nous jette son sourire ?…
Moi qui sous le saule mouvant,
Ami, vais rêver bien souvent,
Je la sais, mais ne puis la dire.

Elle a de si tendres accents
Qu’elle monte, comme un encens,
À travers les feuilles du chêne ;
Quand elle passe dans les houx,
Elle a soupirs si lents, si doux,
Qu’on croit ouïr une âme en peine…

Elle plane au-dessus des eaux,
S’en va tourmentant les roseaux,
Pareille au frôlement d’une aile ;
L’écho, d’un ton qui fait pitié,
N’en dit jamais que la moitié,
Grâce à sa mémoire infidèle…

Mon cœur souvent la dit tout bas,
Mais, comme écho, ne saurait pas,
Ami, la dire tout entière,
Car il faut pour la répéter
Toutes les voix qui font chanter
Les nids, les bois et la rivière.