Poètes d’aujourd’hui/Introduction à la première édition

Poètes d’aujourd’huiMercure de France (p. 7-10).

INTRODUCTION À LA PREMIÈRE ÉDITION

C’est ici un ouvrage didactique, si l’on veut : un guide de la poésie récente. Des livres des mieux connus d’entre les poètes qui participèrent au mouvement littéraire appelé « symboliste » nous avons extrait, non pas toutes les belles pièces, mais quelques-unes seulement des plus belles pièces, et sous le titre qu’on voit à ce travail nous les apportons au public comme un témoignage du parfait labeur d’art où se vouèrent ces écrivains et comme un renseignement direct sur leur œuvre. Et c’est ici un livre de Morceaux choisis, sans plus.

Nous ne pensons pas qu’il nous soit défendu de marquer que la composition de ce volume, en même temps qu’elle fut un peu délicate, manqua parfois d’agrément. Outre que nous avons en somme bien peu travaillé pour nous, de qui l’un, depuis Ronsard jusqu’à M. Charles Guérin, sait de mémoire tous les vers à peu près qu’il aime, souvent il nous fallut aller à l’encontre de notre goût. Si nous avions, en effet, écouté notre seul plaisir, tels poètes, par exemple, que nous avons accueillis, presque sûrement eussent été négligés, tandis que tels autres, au contraire, non point oubliés, mais que nous ont fait omettre de multiples nécessités, tout de suite auraient eu leur place, au lieu d’être remis à, peut-être, un second bouquet. Et ces minces tristesses nous les avons retrouvées quand, avec la même douceur que si nous eussions inventorié les salles à peine connues de petits musées tantôt éclatants et sonores, et tantôt monotones et voilés, nous dûmes décider du choix des poèmes, et qu’à la place, parfois, de telles pièces d’une beauté trop neuve ou trop vive il nous fallut prendre telles autres qui, de tous points, nous semblaient convenir mieux. Mais avant tout nous faisions un livre pour le public, et seule, cette considération devait être notre guide. Avant tout, nous faisions un livre que tout le monde pourrait lire, où chacun sûrement trouverait sa complaisance… Et s’il faut le dire, dans ce sens, nous ne sommes pas loin de croire que nous avons réussi.

Il nous semble qu’on pourra juger de notre impartialité quant au milieu, à la production et au procédé d’art, si l’on veut bien examiner la liste des poètes qui figurent dans cet ouvrage et constater — les morts, et surtout Paul Verlaine et Stéphane Mallarmé, tous deux hors du temps, mis à part — que nous avons accueilli aussi tranquillement M. Fernand Gregh, fêté dans les salons, que M. Raymond de La Tailhède, de qui le nom n’a guère franchi un cercle d’écrivains ; que nous sommes allés de M. Henri de Régnier, dont l’œuvre déjà compte, jusqu’à M. Paul Valéry, qui n’a encore publié aucun livre ; et qu’à côté de poètes usant de préférence du vers libre, comme MM. Gustave Kahn, Émile Verhaeren, Francis Vielé-Griffin, etc., nous avons admis, les reliant, pour ainsi dire, par MM. Francis Jammes, Maurice Magre, etc., qui pratiquent un alexandrin libéré, et par M. Paul Fort, dont les Ballades sont en prose rythmée, des poètes très proches du Parnasse ou tout au moins demeurés fidèles à la technique parnassienne, comme MM. Henri Barbusse, Pierre Louys, Pierre Quillard, etc.

Nous n’avons toutefois pas cru devoir observer le même détachement quant aux indications contenues au paragraphe à consulter de chacune des bibliographies. Là, en effet, nous avons tenu à éviter l’encombrement autant qu’à ne signaler que des documents où se reporter utilement. Nous avons donc omis très absolument d’y rappeler à la fois ces notes et courtes chroniques, dans les journaux, lors de la parution d’un livre, et qui n’apprennent rien sur son auteur, et ces écrits montrant le parti-pris et n’ayant nul rapport avec la critique non plus, souvent, qu’avec la littérature, comme, par exemple, les articles de M. Henry Fouquier au sujet de Paul Verlaine et de Stéphane Mallarmé.

Il ne nous reste plus qu’à expliquer la méthode de classement que nous avons observée et qui est tantôt l’ordre alphabétique et tantôt l’ordre chronologique.

Les poètes sont rangés selon l’ordre alphabétique.

Les poèmes se suivent selon l’ordre chronologique, c’est-à-dire selon l’ordre de leur création ; à ceux figurant sans titre dans le volume original, nous avons, pour plus de clarté, donné comme titre soit le premier vers, soit le début du premier vers ; chaque poème est suivi du nom de l’ouvrage duquel il est extrait ; et les poèmes non accompagnés d’une telle indication sont des poèmes ou tout à fait inédits ou qui n’ont pas encore été publiés en volume.

Chaque bibliographie comprend, principalement : les œuvres et à consulter, ce dernier paragraphe divisé lui-même en deux parties : les livres, puis les journaux et les périodiques. Les œuvres sont rangées selon l’ordre chronologique, c’est-à-dire selon l’ordre de parution. Et l’ordre alphabétique par noms d’auteurs a été observé pour tout le paragraphe : à consulter, qu’il faut lire ainsi : nom d’auteur, titre du livre, lieu d’édition, nom d’éditeur, et date d’édition ; puis : nom d’auteur, titre de l’article, titre du journal ou périodique le contenant, et date dudit.