Poèmes suivis de Venise sauvée/Poèmes/Les astres

Gallimard (collection Espoir) (p. 34).

LES ASTRES

Astres en feu peuplant la nuit les cieux lointains,
Astres muets tournant sans voir toujours glacés,
Vous arrachez hors de nos cœurs les jours d’hier,
Vous nous jetez aux lendemains sans notre aveu,
Et nous pleurons et tous nos cris vers vous sont vains.
Puisqu’il le faut, nous vous suivrons, les bras liés,
Les yeux tournés vers votre éclat pur mais amer.
À votre aspect toute douleur importe peu.
Nous nous taisons, nous chancelons sur nos chemins.
Il est là dans le cœur soudain, leur feu divin[1].

  1. Note de l’Éditeur. — Ce vers final présente trois autres versions que voici :

    Ils sont là dans le cœur soudain, les feux divins.
    Vous levez l’âme à vous sans peine, astres divins.
    Vous nous levez à vous sans peine, astres divins.