Poèmes mobiles/La Semaine terrible

Poèmes mobiles ; MonologuesLéon Vanier, éditeur des Modernes (p. 25-27).


LA SEMAINE TERRIBLE
VILLANELLE


À Paul Bonhomme.


lettrine L

ongue et terrible semaine !
Du crépuscule au matin,
Comme un fou je me promène !

Je serai dans la huitaine
Sec comme un bénédictin…
Longue et terrible semaine !


Ma chaussure à la poulaine
Gémit contre le destin.
Comme un fou je me promène !

Voyez la teinte incertaine
Que prend mon habit châtain.
Longue et terrible semaine !


Mon concierge de sa haine
Me poursuit d’un air hautain !
Comme un fou je me promène…

Mais à cet énergumène
Mieux vaudrait parler latin.
Longue et terrible semaine !




Chasse-moi de ton domaine,
Ô maîtresse à l’œil mutin !
Comme un fou je me promène…

Je n’ai plus de marjolaine
Pour ton corset de satin.
Longue et terrible semaine !


Plus de poulardes du Maine
Ni de souper clandestin !
Comme un fou je me promène…

Je vais au bord de la Seine
Pêcher du menu fretin.
Longue et terrible semaine !

En attendant que s’amène
Le premier du mois prochain,
Comme un fou je me promène…
Longue et terrible semaine !