Poèmes (Wilde)/Sonnet composé en approchant de l’Italie


Traduction par Albert Savine.
(p. 141).


SONNET COMPOSÉ EN APPROCHANT DE

L’ITALIE


xxxJ’atteignais les Alpes, mon âme brûlait en moi, à ton nom, Italie, Italie. Et quand je sortis du cœur de la montagne, et que je vis le pays qui avait été le désir de ma vie,

xxxje me mis à rire comme un homme qui a gagné un prix de haute valeur ; et rêvant à l’histoire de ta gloire, j’épiai le jour, jusqu’au moment où, zébré de blessures enflammées, le ciel de turquoise prit peu à peu la couleur de l’or poli.

xxxLes pins flottaient comme flotte une chevelure de femme, et dans les vergers, tout le lacis des branchages s’épanouissait en flocons d’écume fleurie.

xxxMais quand j’appris que bien loin de là, dans Rome, un second Pierre portait des chaînes funestes, je pleurai de voir si belle une telle contrée.

Turin.