Poèmes (Vivien)/Ne m’accuse jamais de mensonge, ô ma Douce

Pour les autres éditions de ce texte, voir Ne m’accuse jamais de mensonge, ô ma Douce.


QUELQUES SONNETS
IMITANT LES SONNETS DE SHAKESPEARE


I


Ne m’accuse jamais de mensonge, ô ma Douce !
Je ne t’ai pas menti. Je ne te mens jamais.
Je ne fus point toujours irréprochable, mais
Ce blâme immérité de toi, je le repousse.


Certes, je crains ta voix lorsqu’elle se courrouce,
Je crains mortellement cette voix que j’aimais,
La voix à qui je dois obéir désormais,
Et, lorsqu’elle a dicté, mon courage s’émousse.

Mais, sous ton regard clair qui pénètre mes reins,
Plutôt que de mentir, ô l’être que je crains !
Lorsqu’il fallait parler, je me suis abstenue.

Je dis la vérité, comme au temps du trépas :
Et devant ton regard voici mon âme nue,
Devant ce regard clair qui ne pardonne pas.