Poèmes (Canora, 1905)/Amitié

(p. 92-93).


AMITIÉ[1]


 
Quitter les faubourgs que la foule encombre,
S’asseoir tous les deux dans les bois pleins d’ombre,
Au rythme berceur des feuillages verts,
Murmurer des vers.

S’aimer purement, sans folles ivresses,
Quand le front ami s’emplit de tristesse,
Se pencher sur lui pour y déposer
Un chaste baiser…

Respirer des fleurs, oublier les heures,
Songer sans effroi qu’il faudra qu’on meure,
Laissant seulement en des vers légers
Deux noms voltiger.

 

Quitter les bois frais, reprendre sa route,
Marcher séparés, mais aux jours de doute,
Regarder là-bas avec un soupir
Et se souvenir !

  1. Musique de M. Paul Decourty, Enoch (éditeur).