Poèmes épars (Lenoir-Rolland)/Labeur et récompense

Texte établi par Casimir HébertLe pays laurentien (p. 54).

1857

Labeur et récompense

Pour le rendre fécond, un jour, des travailleurs
Remuèrent un champ que l’on croyait stérile.
Ceux qui passaient, disaient : « Leur peine est inutile,
« Pourquoi ne vont-ils pas porter leurs bras ailleurs ? »


Pourtant ils se trompaient. À la moisson prochaine,
La haine ramenant ces insulteurs obscurs,
Les travailleurs chantaient, leur face était sereine,
Et le champ se cachait sous des flots d’épis mûrs !


Ne nous a-t-on pas fait, à nous, la même injure !
N’a-t-on pas dit ce sol rebelle à tout labeur ?
L’Ignorance devait, honteuse flétrissure,
S’attachant à nos fronts, nous vouer au malheur !


Regardez ! Le spectacle est sublime et console !
Voyez ces travailleurs heureux et triomphants !
Peuple d’un million, sur les bancs de l’école,
Contemple, avec orgueil, plus de cent mille enfants !